Le musée Gallo-Romain

Mes premiers contacts avec l'Antiquité ont eu lieu au Musée des moulages et au Théâtre antique de Fourvière. Puis j'ai eu la chance de connaître un peu Amable Audin qui fut l'un des imprimeurs avec qui j'ai travaillé.

La redécouverte du passé gallo-romain de Lyon est fortement marquée par Amable Audin.

 

Amable Audin était archéologue, né à Lyon en 1899 et mort en 1990. Il est l'un des spécialistes du monde gallo-romain de Lugdunum (Lyon).


Fils de l'imprimeur Marius Audin, et frère de l'éditeur Maurice Audin, il appartient à une famille d'humanistes et imprimeurs lyonnais. Se passionnant pour l'archéologie depuis sa jeunesse, il effectue sa première fouille à l'âge de vingt ans.

À partir de 1952, il assure la direction des fouilles du site archéologique romain de Fourvière de l'antique ville romaine de Lugdunum et enrichit le patrimoine antique de trois monuments majeurs : l'odéon, le théâtre et l'ex-temple de Cybèle.

 

Conservateur des collections gallo-romaines de la ville de Lyon, il réussit à convaincre le maire Louis Pradel de la nécessité de construire un musée lyonnais de la civilisation gallo-romaine : le musée gallo-romain de Fourvière voit le jour en 1975, et Amable Audin en est le premier conservateur.

photo Claude Devigne
photo Claude Devigne

Le théâtre antique romain de Lugdunum est adossé à la colline de Fourvière, près de son sommet, ce qui le plaçait au centre de la ville romaine. Il forme avec l'Odéon antique un site archéologique remarquable.

 

Le théâtre a été construit en deux étapes :

 

Sous Auguste, et probablement vers -15, un théâtre de 90 m de diamètre est construit contre le flanc de la colline, selon un plan classique : gradins en demi-cercle bâtis sur une sous-structure rayonnante (25 secteurs voûtés, en éventail), orchestre dallé de marbres polychromes, mur de scène à trois exèdres, deux entrées latérales voûtées. Les archéologues ont identifié parmi les matériaux de construction des pierres provenant des carrières de Glanum, ce qui est un indice du soin apporté à cet ouvrage et de l'ampleur probable de l'investissement.

Au début du IIe siècle, sous Trajan (98-117) et Hadrien (117-138), une troisième série de gradins est ajoutée en haut de la structure, portant son diamètre à 108 m, et donnant une capacité estimée à 10 000 places.

 

Les représentations consistaient majoritairement en des comédies musicales. Le mur de scène permettait, ainsi, comme à Orange, de réverbérer le son de la musique vers les gradins. Les spectacles avaient lieu du printemps à octobre.

La fosse en avant de la scène permettait la manœuvre d'un rideau montant. L'examen des traces d'usure sur les cassettes de pierres faisant saillie a permis de proposer une reconstitution du mécanisme de manœuvre du rideau, exposé dans le musée de la civilisation gallo-romaine qui se trouve à proximité.

 

Autour de la structure, de petites cases indiquent qu'il devait y avoir des petits commerces, qui devaient certainement vendre de la boisson, ou des confiseries. Il devait certainement y avoir un restaurant, et peut-être un hôtel plus haut, sur les hauteurs, pour recevoir des spectateurs plus ou moins prestigieux. De plus, sur place, le site avait un système sanitaire, avec des toilettes, comme souvent dans de tels édifices de cette époque. Des conduites d'évacuations sont encore visibles de nos jours. Les invités de marques, ou les hauts notables, avaient autour de la fosse, au plus prés des comédiens, des sièges réservés. Les très hauts dignitaires, souvent de passages, devaient avoir une loge, en retrait, et aménagée.

Outre la comédie et le spectacle sous ses diverses formes, l'édifice devait aussi avoir une vocation sociale, et vu le prestige du lieu, lors du passage de hauts-dignitaires, des discours et rencontres à caractère politique y furent sans doute organisés. On ignore si ces rencontres étaient publiques, ou si le public qui assistait à de telles audiences était constitué de dignitaires, ou tout simplement de l'élite. Les grands empereurs comme Auguste et Trajan sont passés en ce lieu, qui était l'occasion de montrer la pourpre impériale.

 

Aussi, l'Amphithéâtre est au centre urbain de la colonie Romaine: il fut sans doute l'un des premiers édifices construits de Lugdunum. Des colons originaires de la péninsule Italienne s'installent autour de l'édifice, ainsi que les services administratifs. C'est aussi de ce centre que va se propager la langue Latine. À cela, il faut ajouter des quartiers périphériques ou des étrangers s'installent : Coptes Égyptiens, Ibéres, Juifs de Palestine (et plus tard, des Chrétiens), Maures, Germains, Daces, Illyriens, Bretons, etc.

Si le théâtre ne fut plus utilisé pour des spectacles bien avant 410, en revanche, il va garder une fonction sociale (ex: discours politiques) jusqu'en 410 au moins. Ensuite, le déclin et l'abandon vont intervenir du fait d'une diminution démographique au bénéfice de la campagne, d'épidémies (voir la peste dite de Justinien). Mais surtout, c'est l'apparition d'un nouveau lieu de rencontre sociale qui va contribuer à son oubli : la création et construction des églises chrétiennes, avec plus tard, l'édification de cathédrales, dont celles du vieux Lyon, la cathédrale Saint-Jean, qui va reprendre des matériaux de constructions romains, pour son édification.

Abandonné à la fin de l'Empire, probablement vers 410 après J.-C. (ce qui correspond à la date du sac de Rome par les Wisigoths),il fut identifié à tort au XIXe siècle comme l'amphithéâtre des trois Gaules. L'existence du site fut longtemps sujet à caution, et pour certains, une légende. Mais Lugdunum était un centre très important, où la propagande de l'empire devait être particulièrement visible. Il est probable que le site fut abandonné bien avant cette date de 410, probablement entre les dates qui correspondent à 260 à 410, où la région connaissait de graves troubles, qui commencèrent avec le règne de l'usurpateur Postume qui créa l'empire des Gaules vers 260, ce qui conduisit à l'une des grandes crises majeures de l'empire romain, avec une sédition importante. On ignore la date précise de l'abandon du site, mais les historiens modernes s'accordent à le situer au moins au IVe siècle. Aussi, la fin de l'empire romain n'était pas reluisant pour les lettres et la culture, et l'analphabétisme était massif, signe évident de la décadence culturelle, sociale, et économique. Avec l'apogée du christianisme, à la fin du IVe siècle, et avec l'interdiction des jeux du cirque, la comédie était souvent perçue par des Chrétiens fanatiques comme de l'idolâtrie, du paganisme. Les pièces de théâtre de Sophocle ou Eschylle furent pendant de longues décennies plus ou moins proscrites. Au Haut Moyen Âge, le site dut un moment servir de carrière, car les ruines retrouvées ne sont pas complètes, mais comme le mortier romain était très dur à casser, pour récupérer les pierres, la carrière fut vite abandonnée, d'autant plus que au Haut Moyen Âge, la ville se dépeuple au bénéfice de la campagne. Son dégagement complet et sa restauration ont commencé en 1933. Au Moyen Âge, les gradins servirent à faire des vignes en coteaux, ou cultures en terrasses, ce qui cachait complètement le monument, et ce qui empêcha à la renaissance de retrouver le lieu. Ce n'est que vers 1933, alors que Lyon, en expansion, qui est devenue une grande ville industrielle, cherchait à lancer des plans et projets urbains vers Fourvière. à l'époque, il y avait des jardins ouvriers et des vignes en terrasses. Mais des découvertes fortuites de restes de structures antiques, confirmés par la présence du mortier caractéristique utilisé sous l'empire romain entre le Ier et le IVe siècle, firent en sortes que le site fut fouillé, confirmant ainsi la présence du théâtre antique. Cependant, il y avait longtemps que des doutes étaient émis pour situer le site en cet endroit précis. Le maire de Lyon de l'époque, Édouard Herriot lança ensuite les pourparlers pour faire en sortes de négocier les démarches pour sauver le site, et surtout, le fouiller et le préserver.

Le théâtre antique est classé au titre des monuments historiques en 1905.

Sources documentaires :

Histoire et Archéologie de la France ancienne, Rhône Alpes, André Pelletier, André Blanc, Pierre Broise, Jean Prieur, éditions Horvath, 1988

 

La France gallo-romaine, Pierre Gros, éditions Nathan, 1991

Le musée et le site de Lyon-Fourvière occupent les pentes de la colline de Fourvière, jadis au centre de Lugdunum, où ont été édifiés deux monuments majeurs de la cité : le théâtre et l’odéon, désormais intégrés au secteur classé Patrimoine Mondial par l'UNESCO.

Le musée : une spirale pour remonter le temps

 

Le musée gallo-romain a été inauguré en novembre 1975. 
L’architecte Bernard H. Zehrfuss, Grand Prix de Rome, a conçu un bâtiment parfaitement intégré au site et presque invisible de l’extérieur. 
A l’intérieur, le système habituel des salles a été délaissé au profit de celui d’espaces, suivant une large rampe hélicoïdale. La structure du bâtiment invite ainsi à une visite complète du musée selon un cheminement naturel suggéré par la descente. L’architecture, volontairement très sobre, met en valeur les œuvres et favorise les correspondances spatiales et thématiques : un puits ouvert au-dessus d’une mosaïque relie habitat et religion, tandis que les grandes baies vitrées, les «canons à lumière», introduisent les théâtres antiques dans l’exposition.
Confronté aux monuments romains de Lyon, Bernard Zehrfuss eut dès l’origine la conviction que seule une construction enterrée pouvait répondre aux exigences de ce lieu exceptionnel, qu’il fallait préserver. La structure de béton disparaît sous la végétation et seules deux grandes baies, les canons à lumière, introduisent les théâtres antiques à l’intérieur de l’exposition.

l'escalier pour accéder à la riche collection du musée
l'escalier pour accéder à la riche collection du musée


Bernard Zehrfuss : un architecte au service de la modernité - 1911-1996

Né à Angers en 1911, Bernard Zehrfuss entre à l’École Nationale Supérieure des Beaux-Arts à 17 ans. En 1939, il est Grand Prix de Rome. Ce prix devait lui ouvrir les portes de la villa Médicis à Rome, mais la guerre en décide autrement.

Alors qu’il participe au conflit en Syrie, il découvre les écrits de Le Corbusier. Cette «révélation fantastique» l’oriente vers le mouvement moderne. Urbaniste, puis architecte, il succède à la génération des initiateurs comme Perret et Le Corbusier qui vulgarisent l’utilisation de matériaux nouveaux. 
Son parcours est emblématique des « Trente Glorieuses », les années qui suivent la 2e guerre mondiale, marquées par l’urgence de la reconstruction, la persistance de la crise du logement et la déficience de l’urbanisme national. Ses œuvres majeures, comme le Palais des expositions du CNIT à la Défense et le palais de l’UNESCO à Paris, lui confèrent un statut quasi officiel de «porte-drapeau» de l’architecture moderne.
Un des caractères remarquables du Musée est la mise en valeur du béton : tout le bâtiment est en béton armé brut de décoffrage, à l’intérieur comme à l’extérieur. Cela n’a rien d’étonnant, puisque Bernard Zehrfuss s’est intéressé très tôt aux possibilités plastiques de ce matériau. Pour obtenir ce résultat, la composition du béton et sa mise en œuvre ont fait l’objet de beaucoup de soins. La paroi moulée avec tirants actifs, le système de chauffage, le traitement de la paroi sud... constituent autant d’innovations techniques qui font du musée un témoin majeur de l’architecture contemporaine.

Les théâtres romains

Un lieu exceptionnel au cœur de Lugdunum
Tourné vers le soleil levant et dominant le confluent du Rhône et de la Saône, avec une vue qui porte jusqu’aux Alpes, ce site remarquable a été investi peu de temps après la fondation officielle de la ville, en 43 avant J.-C.

Durant trois siècles, ce quartier sera au cœur de la vie collective de la cité.
Il est abandonné à partir du IIIe siècle après J.-C. : peu à peu, les monuments utilisés comme carrières disparaissent du paysage. 
Leurs vestiges seront mis au jour et restaurés au cours de la première moitié du XXe siècle.

 

Le théâtre
C'est l'un des plus grands (108 mètres de diamètre) et des plus anciens de Gaule.
Il pouvait accueillir jusqu'à 10 000 spectateurs.
L'édifice, tourné vers l'est, est adossé à la pente de la colline.
Les premiers gradins sont fondés directement sur le sol, tandis que les suivants sont supportés par des systèmes de voûtes rayonnantes.
La scène et l'orchestra (l'espace semi-circulaire devant la scène) ont été restaurés, comme les soubassements des gradins, pour accueillir à nouveau des spectacles.

L'odéon
Ce petit théâtre réservé à la musique, est construit vers les années 100 après J.-C.
Le très beau pavement de l'orchestra  été restauré : 
Cette composition géométrique associe les pierres colorées les plus coûteuses du monde romain: porphyre vert de Grèce, porphyre rouge d’Égypte, granite d’Égypte, marbre jaune d’Afrique, violet et rouge d’Asie Mineure.
La présence de tels matériaux révèle le caractère prestigieux du monument. 
Comme le théâtre, il a servi de carrière après son abandon et la plupart des blocs de pierre de taille ont disparu.

Les autres sites de Lugdunum

 

Baptistère et vestiges des églises Saint-Etienne et Sainte Croix (IVe-XVIe siècles)
Jardin archéologique, au nord de la cathédrale Saint-Jean (5e). Accès libre.
A cet emplacement existaient deux églises qui, avec la cathédrale, formaient le groupe épiscopal de Lyon, au cœur des premières communautés chrétiennes. Au cours des années 1970, une partie de leurs vestiges, découverte au cours d’une fouille de sauvetage, a été restaurée puis conservée dans ce jardin crée à cet effet.
Les églises Saint-Etienne et Sainte-Croix ont été plusieurs fois agrandies avant leur destruction sous la Révolution. Aux origines de l’église Saint-Etienne, on trouve le baptistère construit au IVe siècle, un des plus anciens de la Gaule. Le volume de la cuve a été progressivement réduit pour s’adapter à l’évolution de la liturgie du baptême au cours des premiers temps chrétiens. A la fin de l’Antiquité, les monuments romains ont souvent servi de carrières pour la construction des édifices chrétiens : le long de la Saône, dans les fondations du mur du IVe siècle, ont été découverts plusieurs blocs issus du démontage d’un monument construits en l'honneur d'une famille gauloise.

Thermes romains - rue des Farges Thermes romains (IIe-IIIe siècle après J.-C.)
A l’arrière des immeubles rue des Farges, le visiteur découvre un ensemble de vestiges mis au jour au cours des années 1970. C’est la construction de ces immeubles qui fut à l’origine d’une des premières grandes fouilles archéologiques préventives à Lyon. A l’issue de cette opération, une partie des vestiges a été restaurée. Dans ce secteur de la colline de Fourvière densément occupé durant l’Antiquité, les archéologues ont mis au jour des constructions sur trois terrasses étagées. Seules sont visibles les deux terrasses inférieures : en haut, on peut voir le mur de façade d’une maison construite le long d’une rue qui se prolongeait au nord jusqu’au théâtre antique. En bas, de puissantes fondations appartiennent à un vaste établissement de bains publics, qui se développaient sous l’actuel lycée Jean Moulin. La partie visible correspond à la façade sud du bâtiment, marquée par les deux grandes absides des salles chauffées.

l’Amphithéâtre des Trois Gaules
l’Amphithéâtre des Trois Gaules

Saint Laurent de Choulans : basilique et nécropole (fin Ve-VIe siècle après J.-C.).
Quai Fulchiron, près de l’entrée du tunnel de Fourvière. Accès sur Visites guidées uniquement (s’adresser au musée gallo-romain de Fourvière).
Abrité sous un immeuble moderne, dans une boucle autoroutière d’accès au tunnel, cet ensemble qui remonte aux premiers temps chrétiens a été d’abord fouillé en 1947, par Pierre Wuilleumier et le célèbre préhistorien André Leroi-Gourhan. Les vestiges sont visibles depuis plusieurs points de vue surplombant le site. Seules les fondations de la moitié nord de l’église sont conservées, ainsi que de très nombreuses tombes en sarcophages. Elles illustrent de façon spectaculaire une pratique funéraire générale à cette époque, où les fidèles étaient enterrés dans le sous-sol même des lieux de culte.

Saint Just : basilique et nécropole (IVe-VIIIe siècle après J.-C.)
Rue des Macchabées. 
Sur cette terrasse suspendue au-dessus de la Saône, ce sont succédé un habitat gallo-romain, le mausolée d’un des premiers évêques de Lyon, puis une basilique reconstruite cinq fois successivement, de la fin du IVe au XIIIe siècle. Le site a été fouillé au cours des années 1970. Il présente aujourd’hui les fondations partiellement restaurées des édifices de culte. Tout autour, sont conservés des sarcophages retrouvés à l’intérieur de la basilique.

Deux empereurs romains sont nés à Lugdunum :

Tibérus Claudius Drusus, né vers l'an 10 avant JC, empereur sous le nom de Claude de 41 à 54.

Lucius Septimius Bassianus, né en 188, empereur sous le nom de Caracalla de 211 à 217.

Connu pour avoir assassiné son frère....

  

Il a édicté un édit qui étendit la citoyenneté romaine à tous les habitants de l'Empire.


 

Contact

pgflacsu@gmail.com

Tél : (33) 06.71.71.53.45