Le tragique destin de                                                  Jocelyn Paikoff

 

Jocelyn Paikoff est né le 19 février 1915 à Paris 20e. Il était le fils de Maurice Paikoff et de Camille Heimendinger, l'une des sœurs de ma grand-mère Georgette.

 

Camille et Maurice Paikoff vivent modestement d'une activité saisonnière de pâtissier-glacier ; pendant les saisons  estivales ils travaillent dans les stations de bord de mer et ils vivent le reste de l'année à Paris, cité Magenta au dessus de chez les Baracheck, de Renée la sœur de Camille.


Jocelyn suivi par ses parents Camille et Maurice Paikoff
Jocelyn suivi par ses parents Camille et Maurice Paikoff

Jocelyn ici à côté de mon père, au bout de la table lors du déjeuner pour la Bar Mitzva de leur cousin Henri en 1934.



Il devient pâtissier et poursuit l'activité de son père, malade et qui meurt en 1939.


Il habite avec sa mère, cité Magenta.

 

Jocelyn a été arrêté avec sa mère Camille en 1944. Ils sont internés à Drancy. 

 

Ils figurent tous les deux sur la liste des déportés du convoi 68 parti de Drancy vers Auschwitz le 10 février 1944.

 

Renée Heimendinger-Baracheck, sa tante, était allée à l’Hôtel Lutétia (et dans un centre de renseignements pour les familles près de l'Etoile) lors des premiers retours de déportés en mai 1945, et avait laissé des avis de recherche à propos de sa sœur Camille et de Jocelyn.

Au Lutétia en 1945, consultation des avis de recherches (photo Libération.fr)
Au Lutétia en 1945, consultation des avis de recherches (photo Libération.fr)

 

Renée a été contactée par une survivante.

 

Son témoignage, confirmé par d’autres, a permis d’établir qu’à Drancy, Jocelyn s’était révolté au moment du départ. Il a été roué de coups, frappé à mort par les gardes (gendarmes français) et Camille serait devenue folle après avoir assisté à l’assassinat de son fils. 

 

L’acte de décès établi par le Tribunal civil de la Seine sur la base de ces témoignages, indique que Jocelyn est mort à Drancy le 10 février 1944.

 

Mais les témoignages ne sont pas toujours des certitudes.


C'était une erreur...

A l'occasion de recherches auprès de l'ITS de Bad Arolsen les fiches montrent que Jocelyn Paikoff, détenu n° 173866, affecté au camp de Lagischa, a été l'objet d'analyses de sang et d'urine le 31 mars 1944 par crainte de para typhus....

Que signifient ces fiches ?

D'abord que Jocelyn n'est pas mort à Drancy ; il est arrivé à Auschwitz où il a été sélectionné pour le travail, enregistré, tatoué n° 173866.

 

Ensuite il a été affecté au sous-camp de Lagischa. Lagischa était l'un des multiples camps annexes d'Auschwitz (une quarantaine ont été dénombrés) chargé de la construction d'une nouvelle centrale thermique destinée à l'alimentation électrique de la Haute-Silésie. Un millier de prisonniers, travailleurs-esclaves, y étaient employés, dont 70% de Juifs, des Polonais, des Allemands, des Italiens, des Français et des Roms.

 

Enfin, les services d'hygiène des SS ont effectué des analyses d'urine et de sang prélevé sur Jocelyn, sans doute pas pour le soigner, mais par peur d'une contamination épidémique de para typhus....

 

J'ignore si ce sont les salmonelles ou les SS qui l'ont tué, mais Jocelyn n'est pas revenu. Il avait 29 ans.


La centrale thermique de Lagischa construite par les déportés-esclaves, à gauche leurs baraques toujours utilisées
La centrale thermique de Lagischa construite par les déportés-esclaves, à gauche leurs baraques toujours utilisées