A propos de quelques questions africaines aperçues pendant le voyage

Les plus vieux baobabs d'Afrique disparaissent et les chercheurs ne savent pas pourquoi

·         Le HuffPost avec AFP (11 juin 2018)

Les scientifiques à l'origine de cette étude tirent la sonnette d'alarme et parlent "d'une ampleur sans précédent".

CLIMAT - C'est une découverte que l'on doit en partie au hasard. Dans une étude publiée dans la revue Nature Plants, une équipe de chercheurs alerte, ce lundi 11 juin, sur la disparition de la grande majorité des plus vieux baobabs d'Afrique qui se meurent depuis une dizaine d'années.

Ces arbres qui peuvent d'ordinaire vivre plusieurs centaines, voire milliers d'années, font partie des arbres les plus reconnaissables au monde avec leur tronc massif et leur taille démesurée. "Au cours des 12 dernières années, huit des treize plus vieux baobabs sont partiellement ou totalement morts. Il est choquant et spectaculaire d'assister au cours de notre vie à la disparition de tant d'arbres d'âges millénaires", explique à l'AFP Adrian Patrut de l'université Babeș-Bolyai en Roumanie, coauteur de l'étude.

 

Les baobabs s'effondrent

A l'origine, l'équipe de chercheurs a voulu s'intéresser à la structure biologique de ces arbres, qui leur permet d'atteindre des proportions gigantesques. Sur les 60 spécimens étudiés par Adrian Patrut et son équipe entre 2005 et 2017, huit des treize plus grands baobabs sont totalement morts ou ont les parties les plus anciennes qui s'effondrent sur elles-mêmes depuis 2005.

"Les baobabs produisent périodiquement de nouveaux troncs, comme d'autres espèces produisent des branches", selon l'étude. Ces tiges ou troncs, souvent d'âges différents, fusionnent ensuite ensemble. Quand un trop grand nombre de tiges meurent, l'arbre s'écroule. "Avant de commencer nos recherches, nous avions été informés de l'effondrement du baobab Grootboom en Namibie mais nous pensions que c'était un événement isolé", explique à l'AFP Adrian Patrut.

"Ces décès n'ont pas été causés par une épidémie", affirment les auteurs. Ils avancent cependant l'hypothèse du dérèglement climatique comme cause probable de la disparition de ces géants silencieux de la savane. "La région dans laquelle les baobabs millénaires sont morts est l'une de celles où le réchauffement est le plus rapide en Afrique", remarque Adrian Patrut.

Parmi ces victimes, trois monstres symboliques: Panke, originaire du Zimbabwe, le plus vieux baobab avec 2450 ans au compteur, l'arbre de Platland d'Afrique du Sud, l'un des plus gros du monde, avec un tronc de plus de 10 mètres de diamètre et le célèbre baobab Chapman du Botswana, sur lequel Livingstone grava ses initiales, classé monument national.

Monnaie au Zimbabwe

Pour aller vers les chutes Victoria nous avons atterri à l'aéroport de Livingstone. Là les services de l'immigration établissent un visa touristique valable 30 jours en Zambie et au Zimbabwe et nous demandent 50 dollars américains. Dès l'aéroport, les seules monnaies acceptées sont le dollar américain, l'euro, le rand sud-africain et je crois les devises canadiennes et australiennes. La monnaie locale est devenue un objet de collection et les petits vendeurs à la sauvette essayent de faire rire les touristes en leur vendant des coupures portant des valeurs vertigineuses. 

 

Extrait de Wikipedia :

Hyperinflation au Zimbabwe

L'hyperinflation au Zimbabwe commence en 2000. Depuis, cette inflation est la face la plus visible de la déliquescence de l'économie du pays, où la majorité des échanges commerciaux se font en dollars américains. En juillet 2008, l'inflation est officiellement estimée à 231 millions de pour cent par an, mais selon d'autres économistes elle serait plutôt de l'ordre de 80 milliards par mois.

 

Finalement, en avril 2009, le gouvernement décide d'abandonner pour au moins un an le dollar zimbabwéen au profit du Rand sud-africain et du dollar américain.

Contexte

L'hyperinflation débute à la fin des années 1990 avec la réforme agraire accélérée du gouvernement de Robert Mugabe où les fermes appartenant à des blancs sont confisquées pour être redistribuées à des noirs. Cette réforme commence en fait avant et est même un des points des Accords de Lancaster House qui voit naître le Zimbabwe sur les restes de la colonie britannique de Rhodésie du Sud. La réforme agraire vise à acquérir les terres détenues par des blancs (qui représentent 45 % des terres les plus productives) pour les redistribuer à des noirs. Mais les difficultés économiques du pays limitent ses capacités d'acquisition. Cette réforme est d'autant plus importante pour le régime qu'elle est un instrument politique en vue d'asseoir son autorité. La confiscation est donc décidée (connue sous le nom de réforme agraire accélérée) et débute en novembre 1997.

À la suite des nombreuses violations des droits de l'homme par le régime de Robert Mugabe, passées jusque-là sous silence, plusieurs pays occidentaux, comme ceux de l'Union européenne et les États-Unis, sanctionnent certaines personnalités politiques et organisations proches du pouvoir en leur interdisant de séjourner sur leur territoire et en gelant leurs avoirs.

L'économie du Zimbabwe s'effondre. Le taux de chômage est estimé en 2005 à 80 %. Les critiques du gouvernement considèrent que la cause de cette crise économique a pour origine la réforme agraire accélérée, où des personnes proches du pouvoir se sont retrouvées à posséder des fermes qu'ils sont incapables de gérer correctement, créant ainsi une crise alimentaire tournant à la famine, alors que le pays quelques années plus tôt était considéré comme le grenier à blé de l'Afrique australeA contrario, les partisans du gouvernement voient dans les sanctions des pays occidentaux la cause de la crise économique.

 

La situation politique est également instable, ce qui rend les investissements étrangers rares. Le président Robert Mugabe est réélu en 2008, mais il était le seul candidat au second tour, son opposant Morgan Tsvangirai s'étant retiré de la course après des violences à l'encontre de l'opposition, alors qu'il était arrivé en tête au premier tour. Depuis, comme le parlement n'est pas à majorité du Zanu-PF, le parti du président, des accords doivent être trouvés pour l'établissement d'un gouvernement mixte. Durant plusieurs mois des tensions bloquent la situation, mais un gouvernement mixte, dit d'union nationale, est finalement mis en place le 11 février 2009.

Conséquences

Cette hyperinflation oblige régulièrement la Banque centrale du Zimbabwe à imprimer des billets ayant sans cesse une plus grande valeur. Ainsi, en janvier 2009, un billet de cent mille milliards de dollars du Zimbabwe, valant 30 dollars US est mis en circulation.

À la suite des difficultés économiques causées par cette hyperinflation, comme un taux de chômage évalué début 2009 à 94 % selon l'ONU, le taux d'émigration vers les pays frontaliers (Afrique du Sud et Botswana) est en hausse. Ainsi, ce sont plusieurs millions de Zimbabwéens qui ont quitté leur pays, pour une population estimée en juillet 2008 à 11,3 millions.

 

Certains commentateurs politiques pensent que cette hyperinflation mettra à mal le régime de Robert Mugabe. Mais l'économiste libéral Steve Hanke, se basant sur l'exemple yougoslave des années 1990 sous la présidence de Slobodan Milosevic qu'il juge très similaire, ne pense pas cela. Car, alors que l'hyperinflation yougoslave est à son sommet en janvier 1994, il faut encore attendre six ans pour que Slobodan Milosevic quitte le pouvoir, à la suite de sa défaite à l'élection présidentielle.

Actions contre l'hyperinflation

Le gouvernement a essayé de maîtriser l'hyperinflation, notamment en gelant les prix en 2007, mais cela n'a eu aucune conséquence car les produits concernés étaient absents des rayons et les clients manquaient d'argent liquide.

Pour sa part, l'économiste libéral Steve Hanke pense que c'est une réforme en profondeur du système économique du pays qu'il faut mettre en place en établissant un système de banque libre, excluant de fait la banque centrale qui est selon lui le cœur du problème.

Devant l'ampleur de l'hyperinflation, le gouvernement zimbabwéen autorise en janvier 2009 l'utilisation des devises étrangères, faisant de fait disparaître de la circulation le dollar zimbabwéen. Le 9 avril 2009, l'Office central des statistiques (CSO) zimbabwéen note une baisse des prix de 3 % depuis le début de l'année 2009. À la suite de la mise en place en février 2009 d'un gouvernement d'union nationale dont le Premier ministre est Morgan Tsvangirai, opposant de Robert Mugabe, on annonce le 12 avril que le dollar zimbabwéen n'a plus cours pendant au moins un an, le temps que l'économie nationale soit plus solide et que les investissements étrangers reviennent.

Selon le FMI, les prix ont reculé de 7,7 % au total en 2009.

 

La croissance économique repart ainsi dans la crise financière de 2007-2010, avec pour l'année 2009 un taux de croissance estimé à 4,7 % et pour 2010 une espérance de 6 à 7 %.

Références

1.    ↑ a et b (fr) « Un billet de cent mille milliards de dollars au Zimbabwe » [archive]Le Monde avec AFP, 16 janvier 2009

2.    ↑ a et b (fr) Steve Hanke« La planche à billets » [archive], UnMondeLibre.org, 8 décembre 2008 

3.    ↑ a et b (fr) « Le Zimbabwe suspend l'usage de sa monnaie pour un an » [archive]Reuters, 12 avril 2009

4.     l'Old Mutual Implied Rate est un calcul donnant une approximation non officielle large pour la valeur du dollar Zimbabwe comparé au dollar US basé sur la valeur relative des actions sur le London Stock Exchange et le Zimbabwe Stock Exchange.

5.    ↑ ab et c (fr) Colette Braeckman, « Bataille pour la terre au Zimbabwe » [archive]Le Monde diplomatique, mai 2002 

6.     (en) « EU agrees Zimbabwe sanctions » [archive]BBC News, 18 février 2002 

7.     (en) « Executive Order - Blocking Property of Additional Persons Undermining Democratic Processes or Institutions in Zimbabwe » [archive]Département du Trésor des États-Unis, 7 mars 2003 

8.    ↑ ab et c (en) « Zimbabwe - People » [archive]Central Intelligence Agency, 18 décembre 2008 

9.    ↑ a et b (fr) Cyril Bensimon, « Le grenier est vide » [archive]Radio France internationale, 3 décembre 2007 

10.   (fr) « Zimbabwe: 7 millions d'affamés, 94 % de chômeurs et 3.000 morts du choléra » [archive], sur 24 heuresAgence France-Presse, 29 janvier 2009

11.   (en) Steve Hanke« Zimbabwe - From hyperinflation to growth » [archive]Cato Institute, 25 juin 2008 , p. 1

12.   (en) Sebastien Berger, « Zimbabwe hyperinflation 'will set world record within six weeks' » [archive]The Daily Telegraph, 13 novembre 2008 

13.   (fr) « Zimbabwe : files d'attente et pénuries monstres en 2007 » [archive]British Broadcasting Corporation, 30 décembre 2007 

14.   (fr) Steve Hanke« Zimbabwe : la nécessité d'une réforme monétaire drastique (sic) » [archive], UnMondeLibre.org, 25 juin 2008 

15.   (fr) « Zimbabwe: chute des prix confirmée après l'abandon de la monnaie locale » [archive]Agence France-Presse, 9 avril 2009 

16.   (fr) « Zimbabwe : les prix ont baissé de 7,7 % en 2009 » [archive]Les Afriques, 29 janvier 2010  

17.   (fr) « Zimbabwe : Retour de croissance » [archive], Les Afriques, 15 décembre 2009

A propos de polygamie

un article de "Slate Afrique" du 26/08/2011

Afrique du Sud: la polygamie de nouveau tendance?

La polygamie revient à la mode sur le continent. En Afrique du Sud, elle choque encore, même si certains parlent d'un retour aux valeurs traditionnelles.

L’un des petits-fils de Nelson Mandela, Chief Zwelivelile Mandla Mandela, chef traditionnel issu de l’ethnie xhosa, député et homme d’affaires, a imité le chef d’Etat polygame Jacob Zuma en prenant une seconde femme le 20 mars dernier. Il a célébré un mariage traditionnel avec Anaïs Grimaud, belle Réunionnaise de 19 ans, rebaptisée du prénom xhosa Nobubele pour l’occasion. Le tout sans en informer sa première femme, Thando Mabunu, 31 ans, qui réclame le divorce et le partage des biens.

Mandla Mandela est devenu polygame à 37 ans, alors que cette pratique est inconnue chez les Xhosas et seulement tolérée en Afrique du Sud. Une loi adoptée en 1998 ne reconnaît les mariages polygames que s’ils sont célébrés de manière traditionnelle, comme c’est le cas principalement parmi la première ethnie du pays, les Zoulous, et de manière peu courante chez les musulmans d’Afrique du Sud (1,5% de la population).

Avec Mandla Mandela —qui ne veut pas céder un centime à sa légitime, bien qu’il l’ait épousée sous le régime de la communauté des biens— on est loin de la droiture morale de «Tata» (grand-père) Mandela. Nelson, en son temps, avait pris soin de divorcer de sa première femme, Evelyn Mase, avant d’épouser Winnie Madikizela en 1958.

La première femme de Mandla Mandela ayant protesté devant la justice, un magistrat a invalidé le mariage polygame en mai, puis gelé les comptes du député en juin, jusqu’à la prononciation du divorce. Devant une commission du Parlement chargée de démanteler l’une des dernières lois de l’apartheid, la Black Authorities Act (BAA, 1951) qui donnait tout pouvoir aux chefs traditionnels dans les anciens bantoustans (des pseudo-Etats indépendants créés par l’apartheid pour parquer la population noire sur des bases ethniques), le petit-fils de Mandela n’en a pas moins fait, le 21 juin dernier, un plaidoyer en faveur de l’ukuthwalwa, une pratique xhosa qui consiste à enlever des adolescentes pour les contraindre au mariage:

«Quand un homme voit que celle-ci est mûre pour le mariage, alors il la prend, elle traverse une cérémonie et ensuite, elle est prête. Ne nous amenez pas des choses de blancs comme son âge…»

Mandla Mandela n’est pas un cas particulier. L’idée d’une culture africaine ancestrale qu’il faut défendre et retrouver a fait son chemin dans la nouvelle Afrique du Sud, vingt ans après la fin de l’apartheid.

Une nouvelle forme de polygamie

Selon un sondage TNS réalisé en janvier 2010, lors du mariage polygame traditionnel célébré par Jacob Zuma avec la troisième de ses femmes officielles, 74% des Sud-Africains considéraient la polygamie comme «un problème» (68% des noirs, 86% des blancs, 85% des métis et 78% des indiens).

Des éditorialistes ont bien cherché d’autres chefs d’Etat polygames en Afrique, mais il n’ont trouvé que le roi Mswati III du Swaziland voisin et le Kényan Mwai Kibaki, qui avait démenti après son élection avoir une seconde épouse. On pourrait aussi citer Yahya Jammeh, s’il n’était pas si fantasque. Le chef de l’Etat gambien a pris une seconde épouse en octobre 2010 alors que sa première femme, la guinéo-marocaine Zeinab, n’était pas d’accord.

On sait combien il y a de Zoulous en Afrique du Sud (11 millions, soit 30% de la population noire), mais aucune donnée statistique ne donne le nombre de polygames parmi eux. Cependant, une autre forme de polygamie, moderne et urbaine, irrite parfois au pays de Mandela. Pratiquée de plus en plus ouvertement par les nouvelles élites noires, elle se passe de tout mariage et consiste à accumuler les maîtresses, au vu et au su de tous.

Ronald Masebe, avocat noir et quinquagénaire, confirme:

«Les gens de mon âge n’ont pas plusieurs femmes, mais plusieurs maîtresses. Parmi nos anciens, certains étaient polygames. Un de mes oncles, qui était de l’ethnie Batswana, a eu deux femmes à Soweto, dans un contexte urbain. Pendant plusieurs mois, il s’est réveillé en pleine nuit sous prétexte que les ancêtres lui disaient de prendre une seconde épouse. La manœuvre a réussi. Sa première femme, fatiguée, a fini par l’accepter!»

Bien sûr, l’argument selon lequel les femmes ont une grande part de responsabilité peut toujours valoir. D’autant qu’en Afrique du Sud, la pratique qui consiste à collectionner les petits amis pour mieux pourvoir à la dépense quotidienne a un nom: phanda. Elle est répandue dans les townships, comme dans bien des grandes villes africaines.

Mais en Afrique du Sud, la nécessité ne fait pas forcément loi. Du côté des élites masculines, on sort volontiers avec des femmes évoluant dans des milieux aisés et ayant elles aussi le goût de la réussite:

«C’est comme si beaucoup de femmes s’accommodaient du fait que les hommes sont de plus en plus machos, alors qu’il n’y a pas si longtemps, elles auraient protesté, note Zukiswa Wanner, romancière noire, auteur de The Madams, qui traite des relations hommes-femmes sur un mode humoristique.

Certaines sont d’accord pour être la seconde femme, alors qu’elles sont éduquées et qu’elles gagnent leur vie de manière indépendante. Il y a l’idée d’un retour à des valeurs traditionnelles, à la culture africaine. Des balivernes, à mon sens, dans la mesure où la polygamie n’existait pas de cette manière avant!»

«La polygamie fait partie de la culture africaine»

Se poser des questions sur la polygamie en Afrique revient sans doute à mettre en doute une pratique parfois très courante. Dans des pays comme le Sénégal, personne ne trouve rien à redire aux trois femmes d’un Ousmane Tanor Dieng, chef du Parti socialiste (PS, opposition) et présidentiable.

Mais en Afrique du Sud, un pays à 80% chrétien où la polygamie reste marginale, c’est un verrou moral qui semble avoir sauté avec l’accession de Zuma au pouvoir. Le président, qui cultive un réseau étoffé de maîtresses à côté de ses trois femmes, a lui-même anéanti l’argument selon lequel il serait moins hypocrite que beaucoup de monogames, africains ou européens, qui cachent leurs liaisons. L’homme, qui se vante «d’aimer ses femmes» n’en a pas moins des relations extra-conjugales qui défraient la chronique, souvent avec les filles de ses propres amis.

Pour l’avocat Ronald Masebe, qui a étudié le droit coutumier, «la polygamie fait partie de la culture africaine, qui a été opprimée sous l’apartheid. N’oublions pas que les mariages polygames sont régulés pour des questions d’ordre, de transparence, de clarté. D’ailleurs, les femmes sont plus puissantes que les hommes dans ces mariages, car elles peuvent se mettre ensemble pour faire pression sur leur mari dans les décisions familiales.»

Pragmatisme? Afrocentrisme? Aujourd’hui, des Sud-Africaines urbaines et émancipées sont prêtes à devenir des coépouses, y compris chez des personnalités publiques. Tshedi Mholo, actrice et chanteuse du groupe afro-pop Malaika, s’apprête ainsi à devenir la seconde femme de Kenny Ngove, un homme d’affaires et chef coutumier de l’ethnie venda, dont elle est enceinte.

«C’est troublant, remarque la romancière Zukiswa Wanner. Mais n’oublions pas qu’il s’agit d’adultes consentants et que les seules personnes qui n’ont pas vraiment le choix dans ces histoires, ce sont les premières femmes.»

La tendance polygame des dirigeants du pays a été critiquée par de rares voix, dont celle du révérend noir Kenneth Meshoe, chef du Parti démocratique chrétien africain (ACDP), cinq députés au Parlement. Selon lui, elle équivaut à une «violence faite aux femmes», dans une société ravagée par le sida où les dirigeants devraient donner l’exemple.

D’autres responsables politiques, y compris au sein du Congrès national africain, le parti de Zuma, dénoncent parfois des attitudes «patriarcales». Le vice-président de la République, Kgalema Motlanthe, n’a pas craint de se démarquer du style de Jacob Zuma en affirmant début août que «changer les attitudes et les pratiques dans les relations hommes-femmes se trouve au cœur de la démocratie et de l’esprit de la Constitution sud-africaine.»

Une nouvelle loi sur l’égalité des sexes est en préparation, a-t-il annoncé, dans un pays qui se vante déjà d’avoir la Constitution la plus avancée du monde en la matière.

Sabine Cessou