En Champagne

C'était le plus difficile de nos voyages autour du vin.

En 1995 nous sommes partis une semaine au mois de mars pour essayer de mieux connaître et de mieux profiter du vin de Champagne.



Nous avons visité des caves magnifiques à Reims, à Epernay, assisté à des démonstrations de remuage manuel et en gyropalettes, de dégorgement...

remuage manuel sur des pupitres
remuage manuel sur des pupitres

Remuage : opération qui consiste à ramener le dépôt (levures mortes et adjuvants de remuage) dans le col de la bouteille de Champagne, en la faisant tourner par 1/8e de tour, et en la redressant progressivement. Cette  opération a lieu après le vieillissement sur lattes et avant le dégorgement des bouteilles. Il faut de trente à quarante-cinq rotations, ou « tenues » (successivement à gauche et à droite, pour « balayer » le dépôt) et quatre « redressements » de la bouteille pour remuer une bouteille de Champagne. 

On peut remuer les bouteilles de Champagne manuellement, en environ trois semaines, sur des pupitres en bois de 120 bouteilles, mais de plus en plus, le remuage est effectué mécaniquement, sur des gyropalettes, en une semaine.

gyropalettes pour le remuage
gyropalettes pour le remuage

Nous avions pris rendez-vous dans les maisons qui produisent les champagnes les mieux considérés par les spécialistes et les critiques. Nous avons été presque partout reçus royalement et nous avons goûté des grands vins, qui pour la plupart n'ont pas grand chose à voir avec les champagnes servis dans les fêtes de famille.































Chez Salon nous avons goûté un champagne qui, dans mon souvenir, était un peu austère, sans doute riche de matières et d'arômes qui devraient apparaître, mais qu'il aurait fallu attendre. Il m'a semblé qu'il s'agissait d'une bouteille à utiliser avec un repas, avec des poissons, mais trop rugueux pour être bu seul en apéritif par exemple.


Chez Krug nous avons été reçu par une descendante de la famille, famille Krug qui n'était plus propriétaire de la maison mais qui continue à y travailler.

Elle nous a raconté l'histoire de la maison et de sa famille, c'était passionnant.

Nous avons goûté un très grand champagne. Il s'agissait d'un vin très intéressant sur le plan de l'analyse des saveurs, mais là aussi je me suis trouvé dans la réserve sur le plan du plaisir.

Madame Krug, je ne sais plus si elle porte le nom de ses ancêtres, nous a aussi expliqué la politique de la maison avec les vieux millésimes et leur capacité de fournir à la demande des flacons de très nombreuses années pour un événement...

Chez Roederer l'accueil a été également royal mais un peu moins chaleureux. Nous avons eu un petit film sur l'histoire de la maison, puis une hôtesse de grand style nous a emmené dans un mini bus de luxe aux couleurs de la maison vers un salon où un serveur en livrée nous a ouvert et servi une bouteille de "Cristal". Nous étions dans un mobilier de château et il était difficile de mobiliser nos sens sur la dégustation.

Toutefois, il s'agit d'un champagne de grande classe mais qui se situe plus dans la lignée des champagnes classiques, facile à boire.

Chez Pol Roger les choses se sont passées tout à fait différemment ; nous avons goûté la gamme depuis le champagne brut millésimé, puis le blanc de blanc, pur chardonnay et la cuvée Winston Churchill.


Nous étions d'avantage dans la relation à laquelle nous sommes habitués dans les domaines viticoles.

Avec la cuvée Winston Churchill nous avons retrouvé un peu le type de vin que nous avions goûté chez Krug.

Le blanc de blanc est un champagne riche et plaisant.

Là nous avons pu acheter des vins car aussi nous étions revenue à des tarifs à notre portée.

C'est alors que nous avons vu arriver un des responsables de la maison, directeur commercial ou du marketing.

Je l'avais croisé à Paris lors d'une dégustation organisée chez les couturiers avenue Montaigne à laquelle j'avais été convié par un château bordelais. J'avais alors fait part de mon agacement étant venu goûter de grands vins et mettant retrouvé dans une manifestation mondaine où les gens se bousculaient sur les buffets, parlaient fort et fumaient sous le nez de ceux qui essayaient de déguster des vins.


Nous avons un peu parlé de leur politique de promotion et de communication.

Nous sommes repartis avec nos vins et quelques cadeaux.



Chez Bollinger les choses furent encore différentes. Nous avons été reçu par un jeune cadre de la maison, œnologue, qui nous a expliqué l'histoire de Bollinger, nous a montré le clos des "Vieilles vignes françaises"  et nous l'avons accompagné au laboratoire où il était appelé pour un problème que j'ai oublié, mais cela nous a permis de voir l'équipe des œnologues qui suivent scientifiquement l'évolution des vins. 

Nous avons dégusté les champagnes les plus classiques de la maison, le "spécial cuvée" et "la grande année", nous nous retrouvions en territoire familier.

Nous sommes allés dans quelques autres maisons, je me souviens des visites chez Gosset ou chez Ruinart.

C'était il y a vingt ans. Depuis nous n'avons pas découvert grand chose de plus sur les champagnes. Chez des amis, dans des restaurants ou à l'occasion d'achats nous avons goûté des champagnes de maisons moins prestigieuses, parfois très bons.

Nous avons aussi goûté des vins effervescents, méthode champenoise, des crémants d'Alsace, de Bourgogne, des Vouvray, des vins italiens de la Franciacorta ou dans le Piémont de la Alta Langa ou de chez Contratto, des Cava espagnols, des sekt allemands.... et je suis toujours aussi hésitant quand je dois choisir.