L'Alsace est la région viticole où nous sommes allés le plus souvent ; nous pouvions en même temps chercher des informations sur mon histoire familiale, nous régaler dans des restaurants superbes, goûter et acheter des vins magnifiques tout en profitant de la beauté des villages...
Pour l'amateur il s'agit aussi d'une région complexe car la multiplicité des producteurs, la diversité des terroirs et le nombre important des cépages, donnent une infini variété de vins.
De plus, la séduction d'un vin doux, d'un muscat, d'un pinot gris ou d'un gewurztraminer à la dégustation, laisse entière la question de l'usage de ce vin à table. Les occasions de les consommer sont moins fréquentes que l'on le croit même si ce sont parfois des vins magnifiques avec certains fromages (bleus) ou certains desserts (chocolat) ou encore avec quelques plats épicés (curry)...
Nous avons goûté de nombreux vins, nous en avons acheté une assez grande variété, aujourd'hui nous avons quelques coups de cœur - ce qui n'exclu aucune infidélité.
La cave Schoffit est installée dans une maison de la banlieue de Colmar, où l'on a eu plusieurs fois l'occasion de goûter les vins de l'année avec Madame Schoffit, et d'acheter des vins qui nous procurent de grands plaisirs.
Chaque année aussi, après les vendanges, nous recevons le nouveau tarif avec une lettre toujours enrichie de citations littéraires ou d'anecdotes amusantes.
J'ai été amusé par un petit passage du courrier d'octobre 2011 :
"On avait d'ailleurs interrogé un jour le célèbre poète allemand Goethe sur les choses importantes de la vie en lui demandant quelles seraient les trois choses qu'il emmènerait sur une île déserte. Sa réponse fut la suivante : "de la poésie, une belle femme et assez de bouteilles des meilleurs vins de la planète pour survivre à cette période de sécheresse." Ensuite, on lui demanda ce qu'il abandonnerait en premier s'il ne pouvait emmener que deux choses sur cette île. Rapidement, il répondit alors : "la poésie." Assez surpris par cette réponse, l'homme lui posa la question suivante : "Et que laisseriez-vous encore si seule une chose était autorisée ?" Et Goethe réfléchit alors pendant plusieurs minutes, avant de finalement répondre : "Cela dépend du millésime !"
Les vendanges dans les coteaux escarpés de Rangen (Domaine Schoffit)
Des très grands vins sont produits par ce domaine dirigé par Olivier Humbrecht qui nous a offert une dégustation passionnante. La multiplicité des terroirs et des cépages permet au domaine de proposer de très nombreuses bouteilles ; il y a toutefois un style Zind Humbrecht. Ces vins ont souvent une puissance extraordinaire.
Malheureusement ce sont des vins assez chers.
Parmi les nombreux autres domaines plus accessibles, le domaine André Kientzler produit des vins bien faits, nets, de qualité. Nous en avons acheté régulièrement.
Les restaurants d'Alsace sont presque aussi nombreux que les viticulteurs et ils sont tout aussi différents les uns des autres.
C'est tellement riche qu'il est bien difficile de choisir lesquels il est le plus agréable de parler.
Voici un petit choix, du plus simple au plus sophistiqué :
A Hoerdt, l'asperge est partout quand pointe le mois de mai. Toutes les maisons du village se dotent d'étal pour vendre les jeunes asperges et il y a des restaurants qui servent les portions "réglementaires" de 1 kg par personnes avec diverses sauces.
Une auberge de campagne pittoresque à deux pas de Bouxwiller au pied du Bastberg (montagne de 330 mètres d'altitude) et où les sorcières du Moyen-âge prenaient leur repas de sabbat....
Des plats traditionnels de bonne qualité dans une ambiance allègre, virevoltante, un décor incroyable.
Quand nous y étions il y avait foule, sans arrêt des clients arrivaient, le restaurant devait recevoir plus que la population du village.
Dans la magnifique petite ville de Bergheim, le Wistub
du Sommelier c'est un bar à vin qui propose tous les grands du cru et au-delà et une cuisine traditionnelle modernisée où l'on trouve les qualités d'un vrai
chef.
JY'S c'est Jean-Yves Schillinger, un chef qui aime marier les influences, qui crée une cuisine raffinée alsacienne et asiatique dans un confort luxueux qui n'est pas trop pesant.
Il semble aimer particulièrement les desserts... et nous, nous avons aimé notre déjeuner dans cette belle maison.
Quand nous sommes arrivés ici la première fois, nous ne savions pas que Philippe Bohrer était ou allait devenir une star. Et quand nous sommes revenus nous ne savions pas non plus qu'il n'était jamais là puisque ses nombreux restaurants dans toute l'Alsace le retenaient ailleurs.
Par contre nous avons pu jouir de la qualité de cette cuisine. Le premier repas reste gravé dans nos mémoires ; c'était une variation sur le homard à travers toutes les étapes du menu ; une merveille. Nous n'avions pas compris que lors de plusieurs visites suivantes nous n'étions plus dans la saison (janvier à mars). Mais le reste valait aussi le déplacement.
Quelle histoire ! C'est à Baerenthal que nous avons vécu nos moments gastronomiques les plus extraordinaires. C'était dans notre liste des préférés l'un des quatre ou cinq restaurants qui arrivaient en tête. Et puis patatras, divorce entre le frère et la sœur, on ne sait pas pourquoi et puis cela ne nous regarde pas, mais Jean-Georges Klein, le chef, ouvre un nouveau restaurant (la Villa Lalique à Wingen sur Moder) et Cathy Klein continue l'Arnsbourg avec un nouveau chef, Philippe Labbé. J'ignore s'il nous sera possible de goûter les œuvres de l'un et de l'autre, et quand.
Quoi qu'il en soit l'Arnsbourg nous a permis de vivre quelques uns de nos plus grands souvenirs de gourmands.
En composant ces pages, j'ai retrouvé le prospectus de la "Confrérie de la choucroute" que nous avions trouvé en déjeunant chez l'un des membres de cette vénérable institution, le Winstub "Au cep de vigne" à Sierentz.