Dans la Rioja

En 2004 nous avons entrepris de visiter la Rioja en nous installant à Haro dans un relais sur les chemins de Compostelle. Nous ne savions rien ou presque de cette région complexe qui s'étire le long du fleuve Ebro, à cheval sur la Navarre et le Pays Basque.

Nous avons dégusté d'assez nombreux vins, beaucoup nous laissant sans grand enthousiasme, même dans des domaines réputés, et certains vraiment bons.

C'est en dégustant le San Vicente que le directeur de la cave du domaine de Sierra Cantabria nous a expliqué la géographie de la région protégée de l'influence atlantique par la solide cordillère Cantabrique et divisée en zones de natures très différentes, le Rioja alta, la Rioja alavesa et la Rioja baja...

Le San Vicente est un grand vin, nous en avions acheté un peu et nous le faisons depuis de temps en temps.

la cave historique de San Vicente, les vins sont faits à quelques dizaines de mètres à la cave de Sierra Cantabria
la cave historique de San Vicente, les vins sont faits à quelques dizaines de mètres à la cave de Sierra Cantabria

Muga, Roda, et d'autres domaines produisent des vins de haute qualité.


Et puis nous avons dégusté les vins de Fernando Remirez de Ganuza. Qu'est ce que c'est bon ! Nous avions dans nos verres un vin qui pouvait un peu rappeler les sensations, l'équilibre, la puissance d'un des meilleurs Pauillac, bien sûr avec des arômes différents, il s'agit d'un vin issu de tempranillo et pas de cépages bordelais...

En 2004, le millésime récent que nous préférions était le 1998, mais il ne restait plus que des magnums, nous en avons donc acheté, mais pas assez !

Depuis nous avons acheté des bouteilles de tous les millésimes...

Un peu plus tard nous avons goûté les vins de Artadi, les grands vins très bons mais hors de prix et le Viñas de Gain, qui était un vin de jeunes vignes de bonne qualité à un prix très attractif.

Des restaurants :

La Vieja Bodega, à Casalarreina Rioja

A quelques kilomètres de Haro, à Casalarreina Rioja, nous avons mangé plusieurs fois à la Vieja bodega, un restaurant proposant une cuisine goûteuse, privilégiant les produits locaux, présentée simplement dans une salle immense.

Ils avaient une cave très riche, proposant des vins de la plupart des producteurs de la région au prix des producteurs. Nous avons pu ainsi goûter beaucoup de vins et acheter au même prix ceux qui nous plaisaient.


C'est là que nous avons perçu que l'une des différences entre les producteurs de grands vins espagnols et leurs collègues français ou italiens en matière de politique commerciale et de prix, tenait au fait que les viticulteurs espagnols, même les plus connus, vendaient leurs vins principalement sur le marché intérieur.

Les châteaux bordelais ou les domaines bourguignons les plus réputés vendent eux, l'essentiel de leur production à un petit nombre d'amateurs fortunés sur toute la planète.

Pour les grands domaines espagnols écoulant la plupart de leurs vins sur le marché intérieur - et un peu en Amérique latine - il faut pratiquer des prix qui soient accessibles à une population au pouvoir d'achat plus modeste. De plus si les stars des vins français ou italiens organisent des manifestations de prestiges aux Etats-Unis, au Japon, ou en Chine, les espagnols pour se faire connaître de leurs clients, vendent leurs vins dans les restaurants locaux où ils sont proposés à des prix attractifs.

 

Martin Berasategui

Sur la route de la Rioja, nous avions organisé une étape à Donostia (Saint Sébastien).

Annie voulait voir la mer, San Sebastian est une ville qui ne manque pas d’intérêt, et nous avions réservé une table au restaurant de Martin Berasategui.

Annie avec Ona sur une terrasse dominant la mer à Donostia
Annie avec Ona sur une terrasse dominant la mer à Donostia

Le restaurant est installé dans la banlieue de Donostia à Lasarte-Oria. La présence d'un restaurant de grand luxe peut surprendre, dans une zone industrielle et populaire où les traces de l'activité politique révolutionnaire et indépendantiste sont lisibles sur bien des murs.

J'ai aperçu des articles dans la presse évoquant les soupçons qui ont pesés sur Martin Berasategui et le paiement à l'ETA de "l'impôt révolutionnaire" pour acheter la tranquillité.

Mais nous n'y allions pas pour cela.

Martin Berasategui signe une cuisine élégante et raffinée :  « caille d’algues avec un consommé translucide de carabinier » ; « œuf “Gorrotxategui“ sur salade liquide de tubercules rouges et carpaccio de fanon de porc » ; « Perles de fenouil en cru, en risotto et en émulsion » ; «huître avec concombre, fruit acide, kafir et coco » ; « Kokotxas de merlu en sauce » ; « rouget rôti et ses écailles comestibles, jus de chocolat blanc avec algues » ; « Ibérique Consorcio de Jabugo et marmelade de cèpes » ; « pigeon d’Araiz rôti avec pâtes fraîches au champignons et petits oignons, touches de crème truffée » ou « ris de veau sauté sur un lit de bettes de chlorophylle et bonbon de fromage ».

J'ai le souvenir d'un accord surprenant, et finalement très bon d'une anguille à la réglisse.

Lorsque nous sommes allés là-bas, en 2004, la carte était présentée avec pour la plupart des plats, la date à laquelle ils avaient été mis au point. Une personne assise à une table voisine et que j'entendais, a commandé tous les plats mis à la carte depuis son dernier passage dans la maison. Cela ne faisait sans doute pas un menu très cohérent et je l'avais remarqué parce que le maître d'hôtel semblait un peu désemparé ainsi d'ailleurs que le sommelier.

Pour moi c'est l'un des restaurants qui figurent au sommet de mon panthéon gastronomique.

J'espère avoir l'occasion d'y retourner.

Musée Guggenheim à Bilbao


Pendant notre séjour dans la Rioja, nous sommes allés à Bilbao pour voir le Musée Guggenheim. La littérature à ce propos est abondante ; quant à moi je me souviens plus de l'enveloppe que des œuvres exposées. 

Laurent Gervereau dans l'article qu'il a consacré récemment à l'ouverture du Musée des Confluences à Lyon, du MUCEM à Marseille et à la Fondation Louis Vuitton à Boulogne a écrit des phrases qui peuvent sans doute s'appliquer à Bilbao. (voir l'article à la fin de la page sur le Musée des Confluences).