Manger lyonnais

J’ai grandi dans une famille où manger était important, mais où cela ne l’est-il pas ?

 

Mes parents aimaient la bonne chère et les moments des repas constituaient un sommet de la vie familiale, un rituel auquel il n’était pas question de déroger. 

L’approvisionnement était encore un souci dans les années cinquante.

Mon père avait un poulailler pour avoir des œufs frais. Et au jardin il y avait des légumes, des tomates, des pommes de terre et surtout des haricots. Le problème avec les haricots, comme avec les fraises de mon père, c’est que lorsque l’on était dans la saison, il fallait en manger à tous les repas, jusqu’à ne plus pouvoir les supporter…. 

il reste quelques poireaux, dans le jardin, à gauche mon père, ci-dessus, mon frère et moi (1959)
il reste quelques poireaux, dans le jardin, à gauche mon père, ci-dessus, mon frère et moi (1959)

Il fallait bien manger, il fallait tout manger. Si l’un des enfants osait refuser de finir son assiette parce qu’elle ne lui plaisait pas, mon père lui rappelait que beaucoup de ses camarades étaient morts de faim à Auschwitz et que cela avait failli être son cas ……

Les courses étaient faites quotidiennement dans le quartier, à Monplaisir. Il y avait un marché sur la place et des commerces dans la Grande rue ; je me souviens de la fromagerie Pras, de la boucherie, de la triperie, de la boucherie chevaline, de la boulangerie Galiffet, de l’épicerie où j’allais échanger les images des tablettes de chocolat… 

Et parfois le dimanche matin mon père nous emmenait aux halles des Cordeliers pour aller faire des achats exceptionnels et nous mangions des huitres chez un écailler ; il aimait ceux qui avaient reconstitué un décor de wagon de métro parisien en guise de salle de bistrot avec des bancs de bois et les portes coulissantes.

Plus tard j’ai fait mes courses au marché du quai Saint Antoine. Et il y avait aussi des achats exceptionnels, chez Bahadourian pour l’exotisme.

aujourd'hui

Chaque passage à Lyon est l'occasion de faire des provisions.

Au marché du quai Saint-Antoine nous retrouvons des maraîchers et nous ramenons des cardons introuvable en région parisienne.


Chez Bahadourian c’est toujours l’exubérance des épices, des fruits confits magnifiques et des produits orientaux.


Et aux halles de la Part Dieu nous allons chez Sibilla chercher de la rosette, des saucissons à cuire, briochés, des andouillettes (chez Bobosse), nous ramenons aussi des quenelles, et chez la Mère Richard, jusqu’à récemment chez Alain Martinet et maintenant chez Mons des fromages gouteux, des Saint Marcellin et des Saint Félicien en particulier….