Parcours de lecture

Il ne s'agit pas pour moi de proposer ici une bibliographie ou des conseils de lecture.

C'est plutôt comme un journal de voyage parmi les livres, un parcours dans ma bibliothèque au cours duquel je voudrais évoquer des livres qui ont particuliérement compté pour moi au moment où je les ai lus.

 

   

Il reste de nombreuses notes dans ce volume et des lettres que j'ai échangées à son propos avec certains des auteurs (en particulier Ernest Mandel)... cela me semble bien loin.

 

Je crois néanmoins que certaines analyses montrent aujourd'hui toute leur pertinence.

 

L'intégration européenne et le mouvement ouvrier, colloque, rapports de André Gorz, Ernest Mandel, Lelio Basso, Pierre Naville, Jean-Marie Vincent... EDI, 1965

 

  

L'été 1974, le "Livre de Manuel" provoque un tremblement de terre pour moi. Depuis des années je ne lisais plus de littérature. Et là tout bascule.

Je ne remercierai jamais assez Patrick Lelièvre, représentant des éditions Gallimard, qui m'a obligé à lire ce livre en me menaçant de ne plus passer me visiter si je ne le faisais pas.

 

Julio Cortazar : Livre de Manuel, Gallimard, 1974

 

 

 

Paul Fournel avait allégé sa thèse et l'a proposée à Fédérop pour privilégier une diffusion locale. Ce travail d'histoire littéraire, politique et sociale a eu effectivement un réel succès à Lyon et plusieurs rééditions ont été vendues.

Mais en plus Paul Fournel est devenu un partenaire essentiel, et un ami.

 

Paul Fournel : l'histoire véritable de Guignol, Fédérop, 1975

 

 

J'ai beaucoup aimé ce livre. J'en connaissais par coeur des passages qui me plaisaient particulièrement. Même si par la suite d'autres livres de Semprun m'ont également plu, et même si certains travers ont fini par m'agacer, justement ce que j'avais aimé dans celui-ci.

 

 

Jorge Semprun : La deuxième mort de Ramon Mercader, Gallimard, 1969

 

 

 

Qui n'a pas eu la chance de rencontrer Jean-Pierre Verheggen devrait lire "le degré zorro de l'écriture", "Divan le terrible" ou un de ses autres livres sauf à craindre d'éclater de rire.

 

Jean-Pierre Verheggen : le degré zorro de l'écriture, Christian Bourgois, 1978

 

 

 

Quand je découvrais la vie et le journal d'Emma Goldman à la fin des années soixante-dix j'étais frappé par la modernité de son propos. 

 

 

Emma Goldman : Epopée d'une anarchiste, New-York 1886-Moscou 1920, Hachette, 1979

 

 

Ce n'est pas très original de dire qu'il s'agit d'un des livres majeurs de l'époque. Chaque fois que l'on a l'occasion de l'ouvrir l'on va trouver quelque chose de plus.

 

 

Georges Perec : La vie mode d'emploi, Hachette, 1978

 

 

C'est un livre souvent considéré comme mineur dans la production de Julio Cortazar. Il me plait beaucoup et j'avais eu une traduction de Jacques Ancet que nous aurions bien aîmer publier mais nous nous sommes heurtés à plus puissants que nous.

 

Julio Cortazar : Prose de l'observatoire, Gallimard, 1988

 

 

 

Quel livre fabuleux. Un de ceux dont la lecture donne l'impression que l'on en ressort plus intelligent !

 

 

Primo Levi : Le système périodique, Albin Michel, 1987

 

 

Ce livre m'a passionné lorsque je l'ai lu en 1989. Et je ne savais pas que je tenterais moi aussi - certes plus modestement - vingt cinq ans plus tard de reconstituer les mémoires silencieuses.

 

 

Nicole Lapierre : Le silence de la mémoire ; à la recherche des Juifs de Plock, Plon, 1989

Chef d'oeuvre !

Keiichi Tahara est photographe. En outre il va au fond des sujets qu'il traite, ici il s'agit de l'Art nouveau en Europe. Il a su donner à voir en les magnifiant les chef d'oeuvres architecturaux et décoratifs de l'époque et il a trouvé des oeuvres très peu connues.

 

Nous avons fait plusieurs voyages pour voir des bâtiments qu'il avait photographiés à Wavre dans la banlieue de Bruxelles, dans un hôpital psychiatrique sur les hauteurs de Vienne, dans un cimetière à Budapest....

 

Fin de siècle architecture, Keiichi Tahara et Riichi Miyake, Kodansha, 1984

 

 

 

 

Le livre est drôle et malin comme Jacques Roubaud sait l'être.

 

 

 

Jacques Roubaud : La belle Hortense, Ramsay, 1985

 

 

 

 

J'ai pris beaucoup de plaisir à lire le salon du Wurtemberg.

 

Et en plus j'ai réalisé que c'est une phrase que l'on pourrait un peu qualifier de proustienne que j'avais particulièrement aimée lors de cette lecture.

Ce qui fait que je lui dois outre le plaisir qu'il m'a directement donné, d'avoir pu enfin lire Proust ce que je n'étais jamais parvenu à faire vraiment jusque là.

 

Pascal Quignard : Le salon du Wurtemberg, Gallimard, 1986

 

 

Immense plaisir.

Quignard m'a permis d'y accéder.

En plus, à ce moment, je ne savais pas que c'était un cousin.

 

 

Marcel Proust : A la recherche du temps perdu, Gallimard

 

 

Petit livre coquin avec la belle écriture de Quignard, sous pseudonyme.

 

 

Agustina Izquierdo : L'Amour pur, P.O.L, 1993

 

 

Petit bijou que j'ai adoré lire et adoré vendre.

 

 

Jacques Bens : La cinquantaine à Saint-Quentin, confession enrichie d'un éloge des dames et des motocyclettes, Seghers, 1989

 

 

 

Le texte de Georges Perec pour le film qu'il a fait avec Robert Bober. Il y a là le texte de Perec sur ce que c'est pour lui qu'être juif qui est pour moi la définition la plus proche de ce que je pense du sujet.

 

Georges Perec avec Robert Bober : Récits d'Ellis Island, histoires d'errance et d'espoir, P.O.L, 1994

 

Avec un livre comme celui-ci on comprend pourquoi il y a encore du viognier à Condrieu, quels sont les vins qu'il faut aller goûter en Italie,.... 

Il nous a appris aussi à regarder autrement les paysages.

 

Nous lui devons divers voyages réalisés pendant nos vacances, beaucoup de découvertes.

 

Hugh Johnson : Nouvel Atlas mondial du vin, Robert Laffont, 1971, 1977, 1985, 1994.... 

La lecture de Berechit m'a profondément bouleversé. Les premiers clients de la librairie Chroniques qui m'ont suivi ont eux aussi été impressionnés par ce livre. 

Rolland Doukhan est venu pour une soirée à la librairie et le mouvement s'est amplifié. Je n'avais jamais vendu autant d'exemplaires d'un même ouvrage. Nombre de clients qui avaient été touchés recommandaient la lecture de Berechit autour d'eux et la boule de neige grossissait. Quand j'ai appris qu'il n'y avait aucune autre librairie qui le vendait et que l'éditeur s'apprêtait à solder le stock restant je me suis porté acquéreur de la totalité. Ce qui fait que j'ai continué à vendre cet ouvrage jusqu'à la fin de mon activité.... 

Rolland Doukhan : Berechit, Denoël, 1991

 

 

Un livre complexe mais avec des morceaux de bravoure comme page 263 à 266 intitulé "Quatre biscuits vietnamiens "Madame Sang"". A faire figurer dans une anthologie de la littérature d'humour.

 

 

Jacques Roubaud : Le grand incendie de Londres, récit avec incises et bifurcations, Seuil, 1989

 

 

Petit livre drôle très agréable.

 

 

 

Michèle Rozenfarb : Tendre Julie, Minuit, 1992

 

J'aime tous les livres de Patrick Modiano.

 

Son écriture faussement simple totalement maitrisée, la restitution des zones grises,...

 

Là il s'agit d'un livre qui est dans la même veine et qui est différent puisqu'il s'agit d'une vraie enquête sur une personne ayant réellement existée. 

 

Passionnant.

 

Patrick Modiano : Dora Bruder, Gallimard, 1997

 

 

 

Un Modiano encore plus généalogique qu'à l'habitude. Mais il s'agit bien d'un roman.

 

 

 

Patrick Modiano : Un pedigree, Gallimard, 2005

 

 

J'ai beaucoup aimé ce livre où l'on entend bien la parole des survivants du Sentier avec tendresse sans caricature.

 

 

Robert Bober : Quoi de neuf sur la guerre ? P.O.L, 1993

 

 

Il est tout petit mais c'est un livre considérable comme il y en a peu. 

Je l'ai lu à sa parution. J'y pense assez souvent.

 

 

Sarah Kofman : Rue Ordener, rue Labat, Galilée, 1994

 

 

J'étais tellement concerné que je n'ai pas pris le temps de m'interresser aux qualités littéraires de ce roman.

 

 

György Dalos : La circoncision, Actes sud, 1992

 

 

Roman épistolaire drôle avec des passages d'anthologie comme le récit de "l'affaire Dreyfus" (pages 161-162) auquel je retourne de temps en temps.

 

 

Sholem Aleikhem : Menahem-Mendl le rêveur, Rivages, 1993

Il s'agit d'un livre extraordinaire ; le fac-similé d'un manuscrit à peintures du XVe siècle (Livre d'heures noir de Galeazzo Sforza attribué à Philippe de Mazerolles), l'un des trésors de la Bibliothèque nationale d'Autriche à Vienne.

Il y a eu une très belle exposition à la Bibliothèque nationale à Paris en 1993-1994 sous le titre "Quand la peinture était dans les livres"; mais, contrairement à ce qui se passe dans les pays voisins, les fac-similés de grande qualité ne se sont pas développés en France.

 

 

La plupart des livres de Christian Gailly sont de grande qualité. C'est avec "L'incident" que je suis devenu un fidèle.

 

 

Christian Gailly : L'incident, Minuit, 1996

 

 

Un souffle, un seul paragraphe de 130 pages et le récit documenté de l'extermination de milliers de juifs de Serbie.

 

 

David Albahari : Goetz et Meyer, Gallimard, 2002

 

 

Encore un chef d'oeuvre, tout le monde le sait.

 

 

 

Jorge Semprun : L'écriture ou la vie, Gallimard, 1994

 

 

Le succès du roman de Schlink a presque fait oublier que c'était un livre fort qui a provoqué bien des débats.

 

 

 

Bernhard Schlink : Le Liseur, Gallimard 1995

 

 

Beau petit récit que j'avais beaucoup aimé lors de sa lecture. Aujourd'hui où je vis à travers la généalogie des expériences de remémoration je vais le relire avec une attente supplémentaire.

 

 

Dina Rubina : Les pommes du jardin de Schlitzbuter, Actes sud, 1996

J'ai beaucoup aimé "Séfarade".

Et j'ai eu le plaisir de pouvoir transformer ce plaisir de lecture en succès commercial.

A Issy-les-Moulineaux les clients de la librairie ont été nombreux à être séduits et la boule de neige a grossie, les lecteur le recommandant à d'autres, l'offrant.

Lors d'un bref passage à Paris, Antonio Munoz Molina m'a dit qu'à sa connaissance aucune librairie à travers le monde, y compris en Espagne, n'en avait vendu autant que moi.

Dans le métier de libraire, c'est une grande satisfaction d'obtenir un succès commercial fondé sur ses propres choix plutôt que sur le marketing.

 

Antonio Munoz Molina : SéfaradeSeuil, 2003

 

 

La polémique ne m'a pas fait changer d'avis ; ce livre a été un choc. La puissance d'évocation de Jonathan Littell y est fantastique, que ce soit à propos de Stalingrad ou des camps, des exécutions,....

La documentation est considérable comme à propos des "Juifs des montagnes" du Caucase. 

Et la farce finale comme les scènes scabreuses peuvent déplaire, elles ne changent pas l'extraordinaire puissance des "Bienveillantes"

 

Jonathan Littell : Les Bienveillantes, Gallimard, 2006

 

Je voulais évoquer d'autres lectures ;

je n'ai plus de place.

 

Je vais terminer dans plus de légèreté et d'amitié avec le dernier livre de Paul Fournel, très réussi.

 

 

Paul Fournel : Jason Murphy, P.O.L, 2013

 

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