Henri, Alfred, Sylvain, Léon.... Heimendinger victimes de la guerre


Georgette Heimendinger, ma grand-mère, a perdu son mari Moïse Flacsu tué au front près de Souchez. Mais en plus, la folie nationaliste lui a pris des frères et des cousins.

 

Son père, Félix Heimendinger, né à Grussenheim le 3 janvier 1950 avait épousé Rose Picard à Blotzheim le 2 juin 1879. Il était marchand de chevaux. Comme la plupart de leurs proches, ils sont restés à Grussenheim jusqu’à la fin du siècle.

Félix et Rose ont eu six enfants tous nés à Grussenheim : Henri, né le 9 août 1880, Georgette, née le 27 septembre 1881, Alfred, né le 2 mars 1883, Camille, née le 21 juillet 1885, Renée, née le 27 février 1890 et Jeanne née le 4 décembre 1891.

 

Les parents de Félix, Salomon Heimendinger, marchand de chevaux lui aussi et sa femme Henriette, Jeannette Barbe Lévy meurent à Grussenheim respectivement en 1893 et en 1895.

C’est en 1901 que les fils Henri et Alfred partent à Paris où ils vont faire venir toute la famille.

 

Henri et Alfred déposent le 13 octobre 1911 une demande de naturalisation auprès du juge de paix du Xe arrondissement de Paris en vertu de l’article 10 du code civil en tant qu’Alsaciens nés d’un père ayant perdu la qualité de Français. (Bulletin des Lois).

 

Ils sont mobilisés le 2 août 1914 lors de la déclaration de guerre et les deux frères sont affectés au 287e Régiment d’Infanterie.

Henri HEIMENDINGER

Né le 9 août 1880 à Grussenheim.

Il est assez grand, 1m79, châtain, de solide stature.

Il est commerçant.

Il est mobilisé le 2 août 1914 à la déclaration de guerre et incorporé au 287e Régiment d’Infanterie avec son frère Alfred.

Le 29 et le 30 octobre 1914, devant Vailly, de durs combats où les unités françaises sont enfoncées par les allemands se soldent par de lourdes pertes : 801 soldats, officiers et sous-officiers.

 

Dans le « Journal des marches et opérations » du Régiment les hommes perdus sont d’abord considérés comme disparus.

Il est inscrit comme prisonnier puis son décès est acté mais son corps n’ayant pas été retrouvé il faudra un jugement du Tribunal de la Seine en 1924 pour établir son décès.

Son nom figure sur la plaque commémorative à le Synagogue de la Victoire.

 

Tué à Vailly (Aisne) le 30 octobre 1914, « Mort pour la France » à l’âge de 34 ans.

Le Journal des Marches et Opérations du 287e Régiment d'Infanterie comporte pour les journées des 29 et 30 octobre 1914 à Vailly, les rapports détaillés des officiers qui exposent les conditions de la déroute des unités françaises et la liste nominative des 801 officiers, sous-officiers et soldats tués ou disparus.

 

Dans cette liste Heimendinger Alphonse (il s'agit en réalité d'Alfred) et Heimendinger Henri.

Fiche matricule d'Henri Heimendinger avec détail des services
Fiche matricule d'Henri Heimendinger avec détail des services
Photo d'un groupe de prisonniers, Alfred est allongé au sol
Photo d'un groupe de prisonniers, Alfred est allongé au sol

Alfred HEIMENDINGER 

Né le 2 mars 1883 à Grussenheim.

Il est assez grand, 1m71, très mince, avec une chevelure châtain tirant sur le roux.

Il est mobilisé le 2 août 1914 et rejoint le 287e Régiment d’Infanterie comme son frère.

Il fait aussi partie des soldats disparus au soir du 30 octobre 1914.

Mais lui a été fait prisonnier. Il figure  dans la liste des 2.100 prisonniers français publiés le 16 septembre 1915 par la "Gazette des Ardennes" n° 83, détenus à Guestrow/M. Il va passer quatre ans à Parchim au camp de Guestrow en Mecklembourg-Poméranie.

 

Il sera rapatrié après l'armistice du 11 novembre 1918 après quatre ans de captivité.

Fiche matricule d'Alfred Heimendinger avec détail des services
Fiche matricule d'Alfred Heimendinger avec détail des services

Mais si l’on lit les noms qui figurent sur le monument érigé à Grussenheim à la mémoire des fils du village morts au cours de la guerre ou sur celui qui est consacré aux victimes dans le cimetière juif, il y a bien deux Heimendinger ; ce sont Léon et Sylvain.

Les victimes sont Leon Heimendinger, Maurice Bloch, Silvain Heimendinger, Julien Lévy, Julien Bloch, Marcel Wormser de Meier, Marcel Wormser de Seligman, Fernand Lévy.

Léon HEIMENDINGER

Né le 25 juillet 1888 à Grussenheim. Fils de Salomon Heimendinger et d’Henriette Samuel. C’est un cousin issu de germain de Georgette.

Soldat du Régiment d’Infanterie n° 166 (Armée allemande) il est mort le 3 novembre 1914 à l’hôpital militaire de Nesle à Saint-Quentin (France).

 

Sylvain HEIMENDINGER

Né le 28 juillet 1891 à Grussenheim. Fils d’Elie Heimendinger et d’Elise Dreyfus. C’est également un cousin, un peu plus éloigné puisque c’est à la cinquième génération.

Il a été tué le 16 juillet 1915 à Rawa-Ruska (Galicie), mousquetaire du Régiment d’infanterie de réserve n° 83. (Armée allemande).

Jules et Fernand LEVY

sont deux autres des huit enfants de Grussenheim dont les noms sont gravés sur le monument. Ces deux frères sont les fils d'Isaac Lévy et d'Elise Heimendinger. Ce sont des cousins à la sixième génération.

Jules Lévy était né à Grussenheim le 13 juillet 1894. Il a été tué le 14 août 1915 à Pischtschaty (Russie) et Fernand qui était né le 31 octobre 1898 à Grussenheim est mort le 13 août 1918 à l'Ambulance militaire de Fincourt.

 

Le tribut payé par cette famille aux folies nationalistes est véritablement démesuré...