Henri Klein était le père de ma mère, mon grand-père.
Il était né en 1872 à Épinal.
Il vivait à Dijon depuis 1911.
En 1940 avec sa femme Suzanne et leur fille Jacqueline, ils ont quitté Dijon; c'était la débâcle. Cela les a conduit à Lyon où ils vont vivre les années que va durer l'Occupation.
Là, Henri Klein suit les nouvelles, les nouvelles politiques et militaires et aussi les nouvelles de ses proches, et il consigne cela dans son journal....
Il savait tout ou presque.
l'intégralité du journal
découpé par années
à lire sur ce site dans les onglets suivants.
L'original a été déposé au Centre de Documentation Juive Contemporaine (C.D.J.C.) au Mémorial de la Shoah.
Henri Klein est né à Épinal en 1872, le 19 octobre.
Son père, Salomon, était venu y faire son apprentissage de graveur. Il avait quitté son village alsacien, Schwindratzheim, où son père était relieur. Il était devenu imprimeur lithographe puis il avait pris la suite de son patron.
Salomon Klein avait épousé Balbine Émélie Netter. Ensemble ils avaient élevé Paul Kahn, le neveu de Balbine Netter, orphelin, et leurs cinq enfants.
La sœur aînée d’Henri Klein, Céline, née en 1866, a épousé Paul Kahn, leur frère adoptif, qui est devenu le successeur de Salomon. La deuxième, Fanny, née en 1869, a épousé Jules Simon, collaborateur de l’imprimerie Klein qui est devenu lui aussi imprimeur, à Paris. Marie, la troisième sœur, née en 1872, a épousé Nathan Kahn, imprimeur également. Quant au dernier de la fratrie, Nestor, né en 1878, il avait commencé le métier de lithographe, puis engagé dans les « Chasseurs à cheval », il été tué en duel à 22 ans au sein de son Régiment pendant l’ « affaire Dreyfus ».
Henri Klein n’a pas fait de longues études. Il a commencé par travailler pour l’imprimerie familiale.
À 18 ans, en octobre 1890, il s’est engagé pour trois ans au 17e Régiment de Chasseurs à cheval (stationné à Neufchâteau).
Après son temps militaire, il revient à Épinal, puis il réside quelques temps à Paris (100 rue de Turenne) en 1897, ensuite à Neufchâteau et à Dijon de 1905 à 1909 où il habite 11bis avenue Victor Hugo ; il est « responsable de commerce ».
Il a épousé Suzanne Villard, le 14 juin 1909 à Lunéville, fille d'Henri Villard, fabricant de jouets, industriel aisé de Lunéville.
Jacqueline (ma mère), leur fille unique, est née le 19 août 1910 à Épinal.
La famille habite 15 rue Boulay de la Meurthe à Épinal. Henri Klein est négociant.
En 1911, Henri Klein, Suzanne et Jacqueline se sont installés à Dijon où ils habitaient un appartement 6 rue Jacques Cellerier. Ils y demeurent jusqu’en 1935 ou 1936, pour ensuite déménager au 24 de la rue Jacques Cellerier.
Il avait été mobilisé pendant la première guerre mondiale, il avait 42 ans en 1914 et avait été affecté à une unité de l'arrière : Gardes des Voies de Communications « GVC » (photo à droite). Il avait un grand respect pour les généraux de cette guerre, et en particulier Pétain, ce qui brouillera un certain temps sa vision de leur politique.
À Dijon, Henri Klein exerce le métier d’imprimeur puis de papetier-maroquinier.
Il possédait une papeterie-maroquinerie rue de la gare à Dijon (La rue de la gare devient l'avenue du Maréchal Foch) ; d'après Hélène Bloch-Sax, il n'était pas un homme d'affaire très performant et ce serait surtout sa fille Jacqueline qui se serait occupé de ce magasin (mais ça c’est probablement un peu plus tard).
ci-contre l'immeuble où il habitait 6 rue Jacques Cellerier
Les informations sur Henri Klein, fournies par ma mère de manière clairsemée, ne permettent pas d'en faire un portrait précis.
Il s'agissait d'un homme assez cultivé, d'un commerçant aisé, possédant une bibliothèque personnelle dans laquelle les livres étaient reliés en cuir avec sa griffe, d'un israélite français se décrivant d'abord comme français (patriote) de confession israélite. (photo de droite : Suzanne et Jacqueline, adolescente, dans le bureau-bibliothèque).
Il aurait également été caractérisé par un certain non conformisme, voir pour un goût pour la provocation. Ses positions politiques paraissent relativement confuses ; il est violemment patriote, parfois xénophobe (à propos des juifs étrangers, des italiens ou des « boches » il écrit des choses difficiles à admettre aujourd'hui), souvent conservateur mais affichant des sympathies pour le socialisme, (il aurait eu un portrait de Jaurès encadré dans sa bibliothèque).
Hélène Bloch Sax m'a rapporté qu'il écrivait aux dirigeants politiques pour leur faire part de sa manière de voir leurs actions ; il aurait ainsi écrit plusieurs fois au Chancelier Hitler (mais il n'a jamais eu de réponse).
Pendant la seconde guerre mondiale (il a 68 ans en 1940) il a été complètement surpris par la débâcle. Il quittera Dijon avec sa femme et sa fille, pensant y retourner rapidement.
J’ignore où ils comptaient précisément se rendre. Mais la désorganisation des liaisons ferroviaires les ont ramenés à Lyon.
Ils se sont donc réfugiés à Lyon à partir de mi-juin 1940 et ils y vécurent, habitant tous les trois dans des hôtels ou des meublés.
Henri Klein a tenu presque quotidiennement un journal qu'il avait entamé le 23 août 1939.
Ce qui constitue la plus grosse partie de ce document concerne les événements militaires et politiques.
Il note aussi quelques informations privées, familiales.
Photo (format "identité") du 31 août 1941 envoyée à sa sœur Marie Klein (Kahn) à Barcelone et retrouvée par André Hayem (le petit fils de Marie).
A la boutonnière, Henri Klein portait un insigne avec les armes anglaises qu'il arborait dans les rues de Lyon jusqu'à ce qu'un jour il ait peur et cède aux injonctions de prudence de ses proches.
Le journal s'interrompt brutalement en janvier 1945. Henri Klein a été victime d'une attaque cérébrale. Paralysé il passera plusieurs mois hospitalisé avant de mourir en mars 1946 à l’Hospice des Charpennes à Villeurbanne.
Ce journal apporte un démenti de plus à tous les discours sur le thème « nous ne savions pas » ; en effet ce qui ressort d'abord de sa lecture c'est que lui savait et comprenait vraiment l'essentiel. Si lui pouvait savoir, à fortiori tous ceux qui exerçaient des responsabilités ne pouvaient pas ignorer la réalité.
À travers le journal nous apprenons un peu ce que fut la vie d’Henri Klein, de Suzanne et de leur fille Jacqueline, là où ils habitèrent de 1940 à 1945, leurs relations, leurs voyages.
Nous apprenons aussi ce qu’Henri Klein pensait des événements, de ses idées non seulement politiques mais dans de nombreux domaines.
Par contre, je n’y ai pas trouvé de réponse à la question de savoir qu’elles étaient leurs ressources financières.
La fuite vers Lyon et le séjour lyonnais
En juin 1940 c’est la « débâcle ». Henri Klein décrit brièvement l’atmosphère qui règne à Dijon ; ils prennent le train pour trouver refuge à un endroit qu’il ne désigne pas et qu’ils n’atteindront pas. Ce sont les circonstances du voyage qui les amène à Lyon où ils resteront définitivement. Incidemment il indique qu’ils sont chargés de « nombreux bagages ». Par contre je n’ai rien trouvé qui permette de savoir combien leur coûtait et comment ils payaient le logement en hôtel ou appartement meublé.
Page 80 et suivantes[1] : Le 15 juin 1940 l’affolement est complet, tous les magasins sont fermés, la cour de la gare est noire de monde, les quais littéralement envahis, les souterrains sont obstrués, les trains sont pris d’assaut, des familles entières sont campées sur des wagons de marchandises. Nous nous préparons à partir à notre tour….. Prenons le train de 6h15 lequel ne quittera la gare qu’à 11h30 pour arriver à Lyon le lendemain à 1h30 après midi…. En gare de Lyon, nous prenons le train pour Roanne, nous resterons sur une voie de garage pendant 26h…..
18 juin : Après être restés une nuit entière en gare de St Germain l’Espinasse, station après Roanne, nous revenons sur cette dernière ville dans la matinée… Le Chef de dépôt nous fait conduire en gare de Lyon St-Paul par autorail. Nous débarquons avec nos nombreux bagages au centre de Lyon, au bar face au Grand Bazar. Jacqueline et Pierre Vormus vont à Perrache se renseigner sur les départs des trains. Les trains ne marchent plus….. Fort heureusement nous trouvons un gîte confortable chez M. Olmann [2] rue de la Martinière….
19 juin :… On annonce l’arrivée de l’avant-garde Allemande …. Assistons à l’arrivée des convois motorisés longeant les quais de la Saône… tanks, chars d’assauts, canons, transports de troupes passent sans discontinuité, dans un ordre parfait, sans un cri et cela continue ainsi toute la nuit.
20 juin : Sommes toujours à Lyon jusqu’à nouvel ordre ! Puissions-nous bientôt rentrer à Dijon !
29 juin : Allons à la Gare de Perrache ; pas de départ pour Dijon.
2 juillet : Avons quitté notre chambre chez M. Oulman ; sommes à l’hôtel Novelty, Jacqueline a une chambre chez Mme Bernheim.
3 juillet : Sommes à l’hôtel St Nizier, rue de la Fromagerie.
Sommes depuis le 27 juillet en appartement meublé 25, rue Malesherbes.
20 octobre : Avons quitté avant-hier soir notre appartement du 25 rue Malesherbes. Sommes au « Splendid Hôtel » gare des Brotteaux.
16 novembre 1942 : l’hôtel doit être réquisitionné par les Allemands. Sommes toujours là !! (JHK p.234).
2 mai 1943 : hier 1er avons quitté le 3 de la Place Jules Ferry où nous étions depuis 2 ans 6 mois et 7 jours !! Sommes en appartement meublé 124 rue Bugeaud, angle de la rue Ney !!! (JHK p.266).
Le cercle de relations et les voyages
Une des surprises pour moi fut de découvrir au fil des pages les nombreux contacts, visites, relations avec des parents et des amis d’Henri Klein. Au premier rang desquels on trouve les Bernheim à Lyon et dans leur maison des Avenières.
Et ils voyagent, aux Avenières, au Châtelet en Berry, à Marseille, et jusqu’à Paris, à travers la ligne de démarcation…
21 juin 1940 : Vais à 10h chez les Bernheim, ai la douleur d’apprendre la mort de notre vieille amie Mme Henry Lévy. [3] (JHK p.82)
12 novembre 1941 : départ pour Marseille (JHK p.178).
17 novembre : L’on déjeune en plein air chez Yvonne[4] (JHK p.179).
26 novembre : Voyage à Carpentras[5] où je vais rester 3 jours ! Excellent accueil ! (JHK p.180).
30 novembre : Après 18 jours d’un agréable séjour à Marseille et Carpentras, retour à Lyon (JHK p.180).
6 juin 1943 : Suis parti pour Le Châtelet en Berry chez Simone et Georges[6] du 3 juin pour rentrer à Lyon le 20 juin (JHK p.271).
4 décembre 1943 : départ de Lyon pour Le Châtelet en Berry….. Le 15, départ du Châtelet, 10h d’arrêt à Montluçon, 24h pour faire 300 kilomètres !! (JHK p.303-304).
16 janvier 1944 à 13h40 Jacqueline part à Paris (JHK p.307).
27 janvier 1944 : retour de Jacqueline venant de Paris par Le Châtelet en Berry (JHK p.309).[7]
17 juillet 1944 : quittons Les Avenières où nous passâmes Jacqueline et moi plusieurs belles journées (JHK p.329).
11 août 1944 : sommes à nouveau depuis hier 10 août aux Avenières par un temps idéal (JHK p.334).
4 septembre 1944 : Sommes toujours aux Avenières, déjeunons à midi au restaurant Granger (excellente table) Nous logeons au Viennay… Nous ne pouvions résider à l’infini chez nos amis… (JHK p.343).
15 septembre 1944 : Par Gaston Raphaël[8], apprenons le passage (le 3 et 4 septembre) de Lulu et Robert Villard et Paul Job, les trois beaux-frères engagés aux Chasseurs à pied.[9] (JHK p.347).
Les idées d’Henri Klein
- Le patriotisme
Le journal d’Henri Klein regorge de marques d’un patriotisme fervent, chauvin…. à tout le moins désuet.
- L’Angleterre :
Les Anglais et l’Angleterre représentent son espérance même s’il est choqué par la politique britannique à la suite de la capitulation française de juin 1940, mais dès août 1940 il exprime son espoir dans la victoire anglaise.
Ma mère m’a raconté qu’en 1943 ou 1944, il portait au revers de son veston un écusson avec les armes anglaises par défi (dangereux !).
5 juillet 1940 : La France rompt les relations diplomatiques avec la Grande-Bretagne. Avec stupeur les Français apprennent qu’une escadre Anglaise a ouvert le feu sur les plus belles unités de notre flotte au mouillage dans le port de Mers-el-Kébir…. (JHK p.87).
10-11 juillet : Nouvel acte de lâcheté commis par la flotte Anglaise qui torpille et coule par l’arrière la plus belle et plus récent unité de notre flotte « le Richelieu » cuirassé de 35.000 tonnes en rade de Dakar. (JHK p.89).
23 août : M. Paul Baudoin répond au discours de M. W. Churchill et proteste contre le blocus de la France épuisée, meurtrie. Il est dit quelques vérités, sans doute ! Cette réponse parait tout de même inspirée par la propagande Allemande ! Cette polémique entre la France et l’Angleterre est profondément regrettable : de l’issue de la lutte Anglo-Allemande dépend notre salut ou notre écrasement total ! Aussi souhaitons la Victoire Anglaise !! (JHK p.95)
11-12 juillet 1941 : Les hostilités continuent en Syrie, le Gouvernement n’ayant pas accepté les conditions Britanniques au sujet de l’Armistice. À mon avis l’Angleterre a raison ! Pourquoi laisser des canons des avions et des bateaux qui seraient utilisés contre eux par les Allemands !! (JHK p. 166)
- La haine des « Boches »[10] :
Le journal regorge de notations de toutes sortes indiquant sa haine pour ce qu’il appelle « l’ennemi héréditaire ». Il n’y a guère qu’un tout petit passage lors de l’arrivée des troupes allemandes à Lyon en juin 1940 où il est impressionné par la puissance et l’ordre des vainqueurs.
9-10 novembre 1941 : Hitler prononce à Munich une violente harangue, digne d’un fou et d’un ivrogne ! (JHK p.178).
- le mépris des Italiens
Henri Klein déteste les Boches dont il admire la force mais il méprise totalement les Italiens :
31 octobre 1940 : Qu’ont-ils fait ces valeureux Italiens ? Se sauver à l’approche des Français !! Rééditer leurs couardises de Caporetto [11] devant les Autrichiens, et de Guadala-Hara [12] devant les Rouges Espagnols !! Ce sont des lâches. Aujourd’hui encore, ils attaquent une armée Grecque de 200.000 soldats !!! (JHK p.111).
16 novembre : Des renforts Allemands sont envoyés au secours des Invincibles Macaronis (JHK p. 116).
19 novembre : Mussolini prononce à Rome un discours… on peut l’appeler plus que jamais « César de Carnaval » (JHK p.117).
- L’amour de l’ordre, de la légalité
Non seulement il est légaliste mais il condamne les attentats qui entraînent des représailles :
4 janvier 1943 : À Marseille vient d’avoir lieu de graves incidents. Des bombes ont été jetées dans un hôtel occupé par des services Allemands, ainsi que dans un café fréquenté par les troupes d’occupation. (Le Maître d’hôtel, français est décédé. Une femme allemande est grièvement blessée). Il en résulte que de sévères mesures sont appliquées ! À quoi riment de pareilles manifestations ?? (JHK p.246)
25 janvier 1943 : une grenade est lancée sur un groupe d’Allemands ! Résultats 25 militaires sont blessés, 2 jeunes cyclistes Français qui fuyaient apeurés sont tués par les Allemands !! Le Préfet Angeli prend des sanctions contre la population ! Couvre-feu à 7h1/2. De nombreux otages pris parmi les Juifs et les Gaullistes seraient arrêtés ! Ces attentats ne riment à rien !! (JHK p.250).
25 avril 1943 à 10h du soir, nouvel attentat, un soldat Allemand et une Française sont tués, cinq blessés, Hôtel Masséna. Résultat : couvre-feu à 9h, fermeture des spectacles et des cinémas. Complétement ridicule !! (JHK p.265).
- Pétain de l’admiration à la critique :
Henri Klein paraît confiant en Pétain au moins jusqu’en 1942. Il est très rapidement violemment hostile à la politique de Vichy mais la personne du Maréchal est épargnée longtemps.
18 novembre 1940 : Le Chef de l’État, Maréchal Pétain est reçu ce jour même à Lyon. À travers les rues et sur les places il est l’objet d’enthousiastes acclamations…. Les diverses réceptions furent magnifiques. Le pavoisement des artères principales merveilleux. (JHK p.117).
1er décembre : Hier à midi 15, le Maréchal Pétain a prononcé une allocution par radio !! Il adresse un pathétique appel aux Français en faveur des 70.000 Lorrains expulsés en zone libre et ayant dû tout abandonner. Il faut que l’accueil qui leur est fait soit l’accueil du cœur, celui que l’on réserve à des frères ou à des parents aimés. Ainsi s’exprime le Chef de l’État ! (JHK p.121).
12 août 1941 : Le Maréchal Pétain prononce un long message !! Véritable acte de Dictateur !! (JHK p.169).
18 avril 1942 : le nouveau Gouvernement est constitué : le Maréchal Pétain Chef de l’État nomme Chef du Gouvernement Pierre Laval qui prend en outre les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et de l’Information….. La réaction de l’opinion publique est énorme, en zone occupée surtout !!! (JHK p.198).
19 avril 1942 à 8h du soir M. le Maréchal Pétain adresse par la radio un très court message aux Français !! Surprise que ce message fusse si bref !!! (JHK p.199).
20 avril 1942 : Le Président du Conseil Pierre Laval prononce une allocution radiodiffusée. Il fait une charge à fond contre le Bolchévisme. S’adressant à l’Angleterre il dit qu’aucune menace ne l’empêchera de poursuivre l’entente et la réconciliation avec l’Allemagne ! Comme s’il était possible de pactiser avec l’ennemi héréditaire ! (JHK p.199).
5 mai 1942 : Sensationnel événement !! Le Gouverneur de Madagascar avise le Ministère des Colonies à Vichy qu’à 5h du matin Diego-Suarez a été attaquée par des forces aériennes importantes, qu’en outre un ultimatum Anglais exige la reddition des forces Françaises sans condition ! À cet ultimatum le Gouverneur a répondu « nous nous défendrons jusqu’au bout ! » Il est approuvé par le Maréchal Pétain ainsi que par l’Amiral Darlan. Dans son télégramme, l’Amiral Darlan traite les Anglais de voleurs de grands chemins et d’assassins (à la mode d’Hitler). Quand les Japonais s’emparent de l’Indochine c’est très bien !... Ce fut peu digne de la France !!! (JHK p.201).
28 décembre 1942 : le Maréchal Pétain déclare : en raison de ses fonctions gouvernementales, l’Amiral Darlan a pu malgré mes dénégations répétées, laisser croire qu’il exerçait un pouvoir légal. Pour le Général Giraud, aucune équivoque n’est possible, il ne détient et ne peut prétendre détenir aucun pouvoir légal !! Le Général Giraud doit se moquer de cette note inspirée par Berlin !! (JHK p.245).
- La « dissidence » devient le libérateur
Pendant des mois il se montre très réservé à l’égard de la « dissidence » et notamment de De Gaulle. Après le débarquement Anglo-Américain en Algérie et l’installation à Alger du Comité Français, il est choqué par la manière dont le Général Giraud et même Darlan vont être mis à l’écart. Puis il se ralliera à De Gaulle objet de son admiration à la fin du journal.
9 juin 1941 : Les troupes Anglo-Gaullistes attaquent la Syrie ; des combats sont engagés avec nos troupes d’occupation….. L’ex-Général Français Catroux adresse à la population des territoires sous mandat une proclamation l’incitant à la révolte contre la France. (JHK p.160)
10 juin : Nos troupes[13] bien inférieures en nombre, opposent une résistance énergique aux forces adverses. (JHK p.160).
16 septembre 1943 : l’on assure de Tanger que le Comité Français d’Alger a protesté auprès des Gouvernements de Londres, Washington et Moscou pour l’ignorance dans laquelle on l’a laissé au sujet de l’Armistice conclu par les Alliés avec l’Italie ! Pour les Alliés existent-ils ? (JHK p.289).
17-19 novembre 1943 : Le Député Communiste Lucien Midol, bien connu à Dijon, est au Comité d’Alger, chargé de la Production industrielle ! Les Communistes détiennent le Pouvoir ! Et pourquoi pas ??? (JHK p.300).
20 juin 1944 : L’Ile d’Elbe est entre les mains des troupes Françaises sous les ordres du Général de Lattre de Tassigny. (JHK p.324). C’est la première fois qu’il écrit « troupes françaises » et non plus « dissidents ou Anglo-Gaullistes… »
- Les femmes
Reflet de l’époque ou idéologie personnelle, Henri Klein ne parle pratiquement pas de sa femme. Je n’ai trouvé que deux ou trois brèves mentions : l’anniversaire de Suzanne le 31 août 1941 et la mort et l’enterrement de sa « Chère Suzanne » les 25 et 29 mai 1944.
[1] En italique, extraits du journal ; JHK = Journal d’Henri Klein.
[2] Je ne sais pas de qui il s’agit.
[3] Alice Lévy et son mari Henry Lévy, amis dijonnais d’Henri Klein étaient installés à Lyon avec leur fille Gabrielle et son mari Robert Bernheim, industriel, fabricant de corsets et de lingerie. Les Bernheim ont aussi une maison aux Avenières, à 70 km de Lyon.
[4] Yvonne Kahn, mariée à Gaston Weill, médecin à Marseille, est une nièce d’Henri Klein.
[5] Une partie de la famille marseillaise, autour de Suchar Zwirn étaient à Carpentras pendant l’Occupation ainsi que les Hirtz….
[6] Simone Friedmann et son mari Georges Kahn, neveu d’Henri Klein. Ils avaient une maison au Châtelet en Berry à proximité de la ligne de démarcation, dans une région au Cher où fonctionnaient des réseaux de passeurs clandestins.
[7] C’est l’une des plus grandes surprises du Journal pour moi : pourquoi Jacqueline prenait-elle le risque de ce voyage ?
[8] Gaston Raphaël dont il est question plusieurs fois dans le Journal était probablement un ami né à Lunéville en 1886 qui était marchand de vêtements pour hommes 2 place Léopold.
[9] Jules Villard dit Lulu, son frère Robert Villard et Paul Job, le mari de leur sœur Simone Villard, sont des neveux de Suzanne Villard. Ils ont tous les trois été dans les maquis savoyards, participé à la Libération de Grenoble puis de Lyon.
[10] L’usage de l’expression encore fréquent dans ma jeunesse semble être tombée en désuétude et nécessite donc une note : boche est un terme péjoratif pour désigner un Allemand, utilisé en France pendant les guerres depuis 1870 jusqu’après la seconde guerre mondiale.
[11] A Caporetto, en Vénétie, en octobre-novembre 1917, les troupes italiennes sont subi une lourde défaite face aux armées austro-allemandes.
[12] Guadalajara, ville de Castille où en 1937, les Républicains espagnols ont mis en déroute les milices italiennes engagées avec les troupes de Franco.
[13] « Nos troupes » désigne encore les troupes fidèles à Vichy
Éléments d’analyse chronologique du journal à partir de juin 1940
De l’actualité politique et militaire
Je ne fais pas état des événements majeurs nécessairement à la connaissance de tous.
- Le 24 juin 1940 il indique que le Général De Gaulle tente de constituer en Angleterre un « Comité National Français » (JHK p. 83).
- Le 1er juillet : on est sans nouvelles du paquebot « Massiglia » ; au nombre des passagers Messieurs Daladier et son fils, Mandel,… qui ne sont pas en Angleterre, comme il avait été dit (JHK p. 86).
- 3 juillet 1940 : situation assez confuse en Indochine : les Japonais d’accord avec Rome-Berlin cherchent à créer des incidents au Tonkin et en Annam [1](JHK p. 87).
- 29-31 juillet 1940 : attaque aérienne du port de Douvres ; 25 avions allemands sont abattus (JHK p. 81).
- 22 août 1940 : à Mexico, Trotski est victime d’un attentat (JHK p. 94).
- 16 septembre 1940 : les embarcations et chalands dans les ports de la Manche et de la Mer du Nord, prêts à débarquer leurs cargaisons de troupes, furent anéanties (JHK p. 99).
- 13 octobre 1940 : la RAF attaque Liège, Cherbourg, Hambourg et d’autres villes allemandes (JHK p. 106)
- 14 octobre : Le Président Roosevelt prononce un intéressant discours (JHK p. 106).
- 12 janvier 1941 : la RAF attaque la forêt de Guînes dans la région de Calais, de nombreux avions y étaient camouflés, la forêt est en feu, les pertes sont considérables !! (JHK p. 131).
- 7-8 novembre 1941 : Le Grand Muphti de Jérusalem s’est réfugié en Allemagne !! (JHK p.177).
- 11 décembre 1941 : les Japonais emploient des torpilles humaines ; quel fanatisme ! quel courage ! (JHK p. 182).
- 11 décembre 1941 : les Russes reprennent des centres ferroviaires à 350 km de Moscou, les Allemands ont dû reculer ; naturellement Berlin annonce que les troupes du Reich repoussent les attaques des armées russes (JHK p. 182).
- 17 décembre 1941 : les Japonais utilisent une nouvelle arme dangereuse : il s’agit d’un petit sous-marin, monté par un officier et un marin qui ont fait tous deux le sacrifice de leur vie ; ce sous-marin transporte 300 livres d’explosif et 2 torpilles. (JHK p. 183).
- 13 janvier 1942 : les Russes continuent leur avance en direction d’Orel, Briansk, Koursk, etc. !! les Japonais s’emparent de positions très importantes ! que font donc les Alliés ? (JHK p.187).
- 19 janvier 1942 : En Cyrénaïque, les Italo-Allemands capitulent à Halfaya (JHK p. 188).
- 22 janvier 1942 : Les Russes s’emparent de Mojaïsk ! D’après les Allemands cela n’a pas d’importance (JHK p. 188).
- 21 mars 1942 : Apprenons que M. Mazerand, député de Meurthe et Moselle, aurait été arrêté et incarcéré à Nancy ; il n’est probablement pas collaborationniste ! Ainsi que Gaston Raphaël !! (JHK p. 195).
- 1er mai 1942 : À Lyon, manifestation, cortège de 5.000 personnes chantant la Marseillaise, la Marche Lorraine, criant « Laval au poteau, c’est De Gaulle qu’il nous faut ». Les journaux ne disent rien (JHK p. 200).
- 21 mai 1942 : D’après les radios Anglaises et Suisses, les armées de l’Axe doivent subir d’énormes pertes et obligées de reculer dans le secteur de Kharkov (JHK p. 203).
- 1-6 juin 1942 : La RAF a exécuté des bombardements massifs avec 1.200 avions sur Cologne, Essen, Brême, d’autres villes ainsi que sur Dieppe, Cherbourg, etc. À Cologne que l’on évacue, l’on parle de plusieurs milliers de morts ; les Allemands disent 200 ! (JHK p. 204).
- 1-6 juin 1942 : Le Sieur Heydrich, Gauleiter de Bohême-Moravie, meurt victime d’un attentat (JHK p. 204).
- 9-10 août 1942 : à Moscou ont été réunis des autorités militaires et politiques étudiant la situation. Quelques membres seraient partisans d’une paix séparée ! Est-ce réel ? De Shanghai autre écho ; l’on affirme qu’un mouvement antisémite se dessine sérieusement en Russie !!! (JHK p. 215).
- 12 septembre 1942 : le Cardinal Gerlier aurait été blâmé par le Gouvernement de Vichy pour sa noble attitude envers les Juifs et son mandement en chaire le 6 septembre. Son coadjuteur est arrêté pour avoir fait recueillir chez les Carmélites 150 enfants internés au Camp de Vénissieux (JHK p. 221).[2]
- 2 octobre 1942 : M. Édouard Herriot a été mis en état d’arrestation. Il fut conduit dans sa propriété de l’Isère où il est gardé à vue. Sa maison du quai d’Herbouville était entourée d’une vingtaine d’agents comme si l’on avait dû procéder à l’arrestation d’une bande de criminels. Il aurait parait-il refusé de donner sa parole de ne pas quitter la France…. La presse n’en dit rien. (JHK p. 224).
- 16 octobre 1942 : Des bagarres auraient eu lieu à Vaise ; effervescence ou grève chez Berliet[3]. (JHK p. 227).
- 17 octobre 1942 : une grosse formation aérienne anglaise bombarde les usines du Creusot, les dégâts sont très importants, il y eut de nombreux morts et blessés. (JHK p. 227).
- 8 novembre 1942 : les forces Anglo-Américaines attaquent l’Afrique du nord…. Les troupes des USA débarquent en nombre … (JHK p. 230).
- 17 novembre 1942 : hier soir est arrivé à la Gare des Brotteaux un train venant de Marseille composé des fous (fadas). Ils ont été hospitalisés à la Maison d’aliénés de Bron. (JHK p. 235). [4]
- 19 novembre 1942 : Les Américains décrètent dans toute l’Afrique du nord, l’abrogation des lois nazies concernant les Juifs et les Communistes… (JHK p. 235). [5]
- 27 novembre 1942 : la Flotte française de Toulon s’est sabordée dans la matinée du 27 novembre. (JHK p. 237).
- 19-21 janvier 1943 : le sort de l’Armée du Général Paulus qui occupe Stalingrad serait désespéré. (JHK p. 249).
- 19-21 janvier 1943 : en Tripolitaine l’Armée Rommel se replie à nouveau sous la pression de la 8e Armée du Général Montgomery aidée par l’Armée Française du Général Leclerc venant du Tchad. (JHK p. 249).
- 5-8 février 1943 : De nombreux trains passent aux Brotteaux se dirigeant vers le front russe. Certains de ces trains sont peints en blanc. (JHK p. 253).
- 7 mars 1943 : Pendant toute la soirée des milliers de civils, des ouvriers en majorité, se rencontrent à la Gare des Brotteaux d’où a lieu le départ pour l’Allemagne ; « La Marseillaise », « l’Internationale », « La Carmagnole » et d’autres chants révolutionnaires sont répétés en chœur par la foule. (JHK p. 258).
- 11 juillet 1943 : Les Anglo-Américains auraient débarqué le 9 en Sicile !! (JHK p. 275).
- 15 novembre 1943 : À la suite de manifestation à Grenoble, à l’occasion du 11 novembre, 540 arrestations furent opérées ! En représailles, le lendemain un attentat fut perpétré contre l’ « arsenal » de la ville, une bombe fut lancée au siège de la Gestapo ! La police allemande qui a pris en main la police de la ville fit usage des mitrailleuses ; 33 personnes auraient été tuées !!! (JHK p. 299).
- 13-14 décembre 1943 : Un mouvement gréviste se dessinait en France… Les attentats continuent à une cadence accélérée (attentats ferroviaires surtout) !! (JHK p.304).
- 27 décembre 1943 : À Vénissieux, à 5h du matin, l’usine Sigma saute à la suite d’attentat. (JHK p. 304).
- 26 janvier 1944 : il n’est bruit que des nombreux attentats ferroviaires de ces derniers jours, aux environs des villes de Mâcon et Bourg qui auraient mis les troupes du Reich dans l’obligation de repasser par l’Allemagne pour aller en renfort sur le front de la lutte en Italie. (JHK p. 309).
- 27 janvier 1944 : à minuit le 27 l’usine Bronzavia qui fabriquait des moteurs d’avions pour les Allemands saute. 60 bombes furent placées, de ce fait 2.000 ouvriers seraient sans travail ! ils seront employés ailleurs. (JHK p. 309).
- 3-5 février 1944 : l’Expédition militaire contre les réfractaires réfugiés dans les montagnes de la Haute Savoie ! La Garde mobile et la Milice sont chargées des opérations ! Il y aurait des morts des deux côtés. (JHK p. 310).
- 16 février 1944 : La Milice se livre à une opération policière de grande envergure à Vancia et Écully. Dans cette dernière localité Joseph Darnand dirigeait l’attaque. Les réfractaires réfugiés dans une maison furent finalement obligés de se rendre ! Dix d’entre eux, immédiatement traduits devant la « Cour martiale » son condamnés à mort, passés par les armes sans aucun délais. Ils refusèrent d’avoir les yeux bandés, tombèrent sous les balles en criant « Vive la France » !! (JHK p. 311-312).
- 27-29 février 1944 : les renseignements sur les opérations du front de l’Est prouvent que l’Armée du Reich se replie très rapidement ! (JHK p. 312).
- 3 août 1944 : À La Tronche (Isère), M. Frantz, Préfet de l’Isère, est tué à coups de revolver ! Par les maquisards dit-on !! (JHK p.333).
- 3 août 1944 : On signale qu’une importante flotte de débarquement croise devant les côtes du sud de l’Italie. On doit en conclure que le Général Alexander tenterait très prochainement un débarquement dans le nord de l’Italie ou le sud de la France !!! (JHK p.333).
- 6 août 1944 : C’est à St Leu Taverny, objet d’incessantes attaques, que se fabriqueraient les carcasses des fameux V1. (JHK p. 333).
- 21 août 1944 : Les troupes du maquis et les FFI s’emparent de Toulouse, entourent Grenoble, sont maîtres de plusieurs départements….. À Paris les FFI seraient aux prises avec les Allemands place de la République, boulevard Bonne Nouvelle… (JHK p. 338).
Du sort des Juifs
- 10 septembre 1939 : Actes de sauvagerie des S.A. et des S.S. en Pologne. (JHK p.4).
- 9 décembre 1939 : Les persécutions religieuses continuent en Allemagne. (JHK p.12).
- 10 décembre 1939 : À Varsovie les habitants d’une maison cherchant à s’opposer à l’entrée des autorités pour enquêter sur le meurtre d’un policier tué dans cette maison furent exécutés sur place au nombre de 53, tous Juifs. (JHK p.12).
- 24 décembre 1939 : En Pologne les persécutions religieuses continuent (JHK p.16).
- 13 avril 1940 : Une armée sioniste va être recrutée en Palestine. (JHK p.51).
- 2 juillet 1940 : Troubles Anti-Juifs en Roumanie (JHK p.86).
- 17 juillet 1940 : Les populations juives d’Alsace arrivent en masse à Lyon, expulsées par les Allemands (JHK p.90).
- 1er août 1940 : Visite de nos coreligionnaires au Palais de la Foire, logés au stand de l’aviation. Conduits d’Alsace à Dôle par les Allemands, ils n’ont été autorisés qu’à prendre une seule valise, cinq mille francs au maximum, beaucoup d’entre eux possédant des sommes très élevées en ont été spoliés. Il ne reste plus aucun d’eux en Alsace-Lorraine. (JHK p.91).
- 2 août 1940 : Un très actif mouvement anti-juif se dessine actuellement par tracts, papillons, inscriptions, affiches. Le groupe de l’infâme Doriot s’y emploie sérieusement, soudoyé très certainement par le Reich. (JHK p.92).
- 15 septembre 1940 : les magasins Juifs sont saccagés à Alger (JHK p. 99).
- 9 octobre 1940 : Les droits politiques sont retirés aux Juifs indigènes d’Algérie. (JHK p.105).[6]
- 27 octobre 1940 : il est procédé à l’arrestation de nombreux étrangers, commerçants clandestins ! Naturellement tous Juifs ! Que l’on procède à un large coup de filet et à leur expulsion. Ces individus peu recommandables font un tort très grand aux Juifs français. (JHK p. 110).
- 1er novembre 1940 : À Paris les Israélites sont convoqués dans les Commissariats de Police pur faire établir leurs cartes d’identité !!! (JHK p.111).
- Ils sont à nouveau appelés pour une formalité supplémentaire, on appose sur leurs cartes la mention Juif ou Juive. Cette mention, sans doute infamante, est ou serait pour moi un titre d’honneur. (JHK p.112).
- 27 novembre 1940 : le paquebot « Patria » ayant à bord 1.800 immigrants illégaux a coulé en rade de Jaffa à la suite d’une explosion (JHK p. 120).
- 1er décembre 1940 : les désordres continuent en Roumanie. Plus de 2.000 personnes ont été tuées, pour la plupart des Juifs (JHK p. 121).
- 13 décembre 1940 : dans la mer de Marmara, un chalutier ayant à bord 380 passagers israélites se rendant en Palestine, sombre ; 210 personnes dont 70 enfants ont été noyés (JHK p. 124).
- 19 mai 1941 : À Marseille une bombe est placée à l’entrée du Temple israélite, elle éclate causant des dégâts, pas de victime. Pour la 1ere fois à Stamboul [7] se dessine un mouvement antisémite (JHK p. 157).
- 14 juin 1941 : La Loi nouvelle réformant et complétant le « statut des Juifs » paru à l’Officiel précise les activités interdites et la proportion des Israélites… (JHK p.161).
- 20 juin 1941 : je fais aujourd’hui ma « déclaration de recensement de confession » Ignominie !! (JHK p. 162).
- 30 août 1941 : en zone occupée encore, les Israélites ne peuvent plus posséder de postes de TSF (JHK p. 172).
- 8 septembre 1941 : En Allemagne, les Juifs devront porter une étoile d’étoffe jaune sur leurs vêtements (JHK p. 172).
- 10 septembre 1941 : Cent notables Israélites de Paris sont arrêtés ! Parmi eux MM Théodore Valensi, homme de lettres ancien député, Léon Massé, ancien sénateur, ex secrétaire d’État de M. Poincaré, Arthur Veil-Picard (JHK p. 172).
- 29 septembre 1941 : à Paris les jeunes Israélites de plus de 15 ans doivent se prêter à un contrôle particulier et périodique (JHK p. 173).
- 4 octobre 1941 : Ignoble attentat contre sept synagogues de Paris, dégâts considérables, il ne reste que les murs, pas de victimes… (JHK p. 174).
- 31 octobre 1941 : la population Juive de la région de Paris, Français et étrangers, est invitée à se faire inscrire à l’annexe de la Préfecture de Police, à partir de 15 ans !!! (JHK p. 177).
- 27-28 novembre 1941 : Les Sénateurs et Députés Juifs sont tous déchus de leur mandat législatif. (JHK p.180).
- 10 décembre 1941 : 7h du matin, réveil en fanfare « Police », sommes dans l’obligation de présenter nos papiers. Sommes naturellement en règle….. des milliers de communistes et Juifs sont arrêtés… les descentes de police, perquisitions, continuent dans la journée du 10 et dans la nuit, dans les garnis, hôtels, restaurants ; les Juifs étrangers entrés en France depuis 1936 sont arrêtés, groupés selon les cas, dans des Compagnies de travailleurs ou dans des Camps de Concentration (JHK p. 181-182).
- 14-15 décembre 1941 : À la suite de soi-disant attentats commis en zone occupée sur des Allemands, le Général von Stulpnagël, Commandant des forces allemandes en France, ordonne les mesures de répression suivantes : 1° Amende d’un milliard de francs imposée aux Juifs des territoires occupés ! 2° un grand nombre de Juifs et Communistes seront déportés aux travaux forcés à l’Est ! 3° 100 Juifs, Communistes seront fusillés et l’ont été… (JHK p.183).
- 18 décembre 1941 : une iniquité nouvelle : les entreprises juives en Société sont dès ce jour pourvues d’Administrateurs provisoires (JHK p. 183).
- 7 janvier 1942 : Le Conseil de l’Ordre des Avocats de Paris a statué sur l’admission des avocats Juifs : sur 294, 48 sont admis, ainsi que 2 femmes… (JHK p. 186).
- 24 février 1942 : on annonce de Stamboul, que le vapeur Strouma se rendant en Palestine avec 750 passagers israélites bord sombre ! cause inconnue malveillance ? torpillage ? (JHK p. 193).
- 26-31 mars 1942 : Il est à nouveau question de la création d’une Armée Juive Internationale créée en Palestine (JHK p. 196).
- 1e juin 1942 : Darquier (sans) Pellepoix met P. Laval au courant des mesures prises par les Autorités Boches concernant les Juifs en zone occupée : ils devront porter une étoile jaune portant en lettres noires le mot JUIF ; les infractions à cette ordonnance seront punies d’emprisonnement, d’amendes ou d’internement ; ils devront en outre être rentrés à leur domicile à 6h du soir !!! (JHK p. 204).
- 6-10 juin 1942 : À Paris, 80.000 Juifs portent l’étoile jaune, la majorité des étrangers… Les Chirurgiens-dentistes Juifs ne seront admis à exercer que dans la proportion de 2%... (JHK p.205).
- 22 juillet 1942 : en zone occupée, une répression continue avec encore plus de sauvagerie sur les Juifs de tous âges (hommes et femmes) qui sont déportés en Pologne et en Silésie ; les enfants sont séparés de leurs parents et abandonnés, mais ils sont recueillis par la Croix Rouge et l’Assistance publique….. (JHK p. 212)[8].
- 6-7 septembre 1942 : À la suite du décret paru à l’Officiel du 6 septembre, l’Union Générale des Israélites de France des deux zones devra verser 6.000.000 par mois ! Iniquité de plus ! Vol crapuleux !!! (JHK p.220).
- 10 octobre 1942 : un vapeur roumain sombre en Mer Noire ; 120 Juifs étaient à bord. (JHK p. 225).
- 13 octobre 1942 : À la frontière Franco-Suisse, 25 passeurs clandestins sont appréhendés par la Police Française ; moyennant des sommes énormes ils faisaient franchir la frontière à des réfugiés Israélites en outre en les dépouillant de tous leurs avoirs, de leurs bijoux et même de leurs bagages !! (JHK p. 226).
- 1er décembre 1942 : D’après des renseignements précis, près de 200.000 Juifs auraient été fusillés en Pologne en moins de 5 mois !! (JHK p. 239).
- 9 décembre 1942 : Tous les Juifs devront faire figurer sur leur Carte d’Identité la mention de Confession… (JHK p. 240).
- 11 janvier 1943 : Aujourd’hui timbrage des Cartes d’Identité et d’Alimentation de la mention « Juif » (JHK p. 247).
- 11 janvier 1943 : De Budapest l’on annonce la mobilisation des Juifs Hongrois de trois classes qui seraient affectés à des camps de travail militaire (JHK p. 247).
- 9 février 1943 : une descente de police effectuée dans une Communauté Religieuse Chrétienne où se trouvaient des dames et des jeunes filles israélites aboutit à leur arrestation ! Sans pouvoir prévenir leur famille, dans l’impossibilité de prendre un bagage contenant un peu de linge, elles auraient été dirigées sur Drancy et Compiègne ! (JHK p. 254).
- 25 août 1943 : Les Israélites de 21 à 31 ans qui se sont présentés hier à la Sûreté n’en sont pas ressortis. Que sont-ils devenus ? (JHK p. 283).
- 1-10 octobre 1943 : Au Danemark il y a une quinzaine de jours, tous les Israélites furent arrêtés et déportés. (JHK p. 293).
- 21-31 octobre 1943 : une note de Vichy du 22, dit que le Comité d’Alger « réintègre » 140.000 Juifs dans la Nationalité Française. (JHK p. 295).
- 7 décembre 1943 : SS le Pape adresse au Gouvernement Allemand une protestation véhémente au sujet des mesures iniques prises contre les Juifs italiens. (JHK p. 303).
- 14 janvier 1944 : Mme et M. Victor Basch, réfugiés à Caluire, banlieue de Lyon, sont tués d’une balle dans la nuque. M. Victor Basch, professeur la Sorbonne, âgé de 81 ans, était Président de la Ligue des Droits de l’Homme. (JHK p. 307).
- 3 avril 1944 : Il y a plusieurs semaines déjà que l’escroc de haut vol Darquier (sans) Pellepoix fut remplacé comme « Commissaire aux Questions Juives » par le fils d’un homme qui fut tristement célèbre en 1894 et pendant les 10 années suivantes ; il s’agit en l’espèce du fameux Lieutenant-Colonel du Paty de Clam, dont l’on n’a pas pu oublier le triste rôle joué par lui contre le Capitaine Alfred Dreyfus,….. (JHK p.315).
- 7 juillet 1944 : Le Roi de Suède adresse au Régent Horty de Hongrie une protestation concernant le massacre de 350.000 Juifs ! Les Cantons de la Suisse agissent de la même façon !! (JHK p. 328).
- 7 août 1944 : Le transport turc « Mexour » venant de Roumanie coule en Mer Noire ayant 200 passagers Juifs bord…. (JHK p. 334).
- 31 août 1944 : Aux environs de Lublin (Pologne) un Camp de Concentration est tombé aux mains des Russes ; des centaines de milliers de personnes auraient été exterminées, à la cadence de deux mille par jour ! Probablement tous Juifs….. (JHK p. 342)
- 14 septembre 1944 : MM Georges Mandel et Jean Zay sont assassinés par les Miliciens[9] (JHK p. 347).
- 17 octobre 1944 : À Auschwitz, Haute Silésie, existe au Camp affecté aux Juifs une savonnerie ! ceux-ci sont affectés à la fabrication et finissent par servir de matière première. [10] Cela dépasse l’imagination !!! (JHK p. 357).
- 21 octobre 1944 : Au Camp de Concentration d’Oswiecim, où se trouvent de nombreux Polonais l’on commence par les faire disparaître en les enfermant dans des chambres où ils sont gazés !!! (JHK p.358).
De ce qui concernait ses proches et la famille
En plus de la quantité d’information sur les évènements dont disposait Henri Klein, l’autre surprise apportée par le Journal est constituée par la densité des informations sur les proches et les parents et la rapidité avec laquelle ces informations lui parviennent.
- 2 juillet 1940 : Avec joie recevons des nouvelles de Marseille. Fanny[11] et ses petits enfants sont partis le 13 juin pour le Châtelet en Berry, ont dû s’arrêter à Clermont-Ferrand et coucher dans une église. Jules est resté à Paris…. (JHK p. 86).
- 29-31 juillet 1940 : Avons des nouvelles de tous les militaires de la famille, saufs, blessés ou prisonniers à l’exception de Robert[12] dont le sort devient inquiétant (JHK p. 91).
- 1-5 août 1940 : Avons enfin par Fanny de nouvelles de Robert, prisonnier à Épinal. Nous pouvons aussi avoir l’adresse des sœurs, beau-frère, nièce de David résidant aux environs de Lons le Saulnier à Balanod (JHK p. 92).
- Par Gaby Ribillard apprenons que notre appartement à Dijon a été dévalisé ainsi que le magasin de Jacqueline (JHK p. 96).
- 9 décembre 1940 : Apprenons que Jean Hirtz est rentré d’Allemagne où il avait contracté une broncho-pneumonie ; est hospitalisé à Tarbes (JHK p. 123).
- 19 janvier 1941 : à 8 heures, passage en gare des Brotteaux, d’un train de blessés et malades retour de captivité en Autriche ; Robert était dans ce convoi, nous le fait savoir ! (JHK p. 132).
- 8 février 1941 : Avant-hier recevons de Paris une carte de Fanny nous disant qu’ils manquent de ravitaillement ; faisons immédiatement un envoi de 5 kg ; colis express (JHK p. 136).
- 3 mars 1941 : de Nîmes nous apprenons les décès de notre cousine Berthe et de Roger Simon (JHK p. 142).
- 17 mars 1941 : voyons André, de Carpentras, venu pour une réunion Consistoriale. Il nous annonce que leur affaire de Lunéville passe en d’autres mains !! (JHK p. 146).
- 27 mars 1941 : de Vichy apprenons la mort de David Blum (JHK p. 149).
- 30 mars 1941 : Avons dans la matinée la visite de Juliette, Émile, Alice retour de l’enterrement de David ! (JHK p. 149).
- 20 novembre 1941 : Étant à Marseille, j’apprends que Jean Simon[13] m’écrit de Chicago !! (JHK p. 179).
- 26 novembre 1941 : voyage à Carpentras où je vais rester trois jours. Excellent accueil (JHK p. 180).
- 24 mars 1942 : Lucien Nordon meurt à Perpignan !!! (JHK p. 195).
- 26 mai 1942 : reçois un télégramme de Jean Simon de Hyde-Park (Illinois, USA) (JHK p. 204).[15]
- 25 juillet 1942 : Suis aux Avenières pour deux jours auprès de Suzanne qui y fait un séjour (JHK p. 212).
- 29 octobre 1942 : Apprenons que Maurice Netter a été transféré d’Hauteville Dijon au Camp de Drancy. (JHK p. 229).[16]
- 8 novembre 1943 : À 9 h ½ le soir, nouvel attentat Place Bellecour ; réaction immédiate de la police allemande ; mes amis Pigeot et Bastien sont arrêtés pendant 24 heures ! (JHK p. 298).
- 18 décembre 1943 : le samedi 18 à 13h, notre ami Israël Messin, ex-Capitaine au 2e bureau, est tué à coups de révolver par un Milicien accompagné d’un agent de la Gestapo au Restaurant Roze cours Vitton !! (JHK p. 304).
- 27 janvier 1944 : Retour de Jacqueline venant de Paris (elle était partie le 16), par Le Châtelet en Berry (JHK p. 309).
- 7 mars 1944 : Venons d’apprendre l’arrestation de Camille et Élise au Vésinet ; internés au Camp de Drancy[17]. (JHK p. 313).
- 25 mai 1944 : à 11h du soir, après neuf jours de maladie, meurt doucement et sans souffrir, notre Chère Suzanne. (JHK p.322).
- 29 mai 1944 à 2h ½ ont lieu les obsèques de notre Chère Suzanne. En raison des suites des bombardements, il était impossible d’accéder au Cimetière de La Mouche. Seuls purent être auprès de nous Marguerite et Pierre, Mme et M. Flacsu ; Des amis n’ont pu arriver !! (JHK p.322).
- 20 juin 1944 : à 18h nos bons amis Jacob et Flacsu sont arrêtés par la Gestapo. (JHK p. 325).
- 6 septembre 1944 : Jacqueline reçoit Paul Zwirn venu à Lyon pour voir Pierre, Aspirant à l’Armée d’Afrique du Général De Gaulle, 20 ans bientôt, fit la Tunisie, la Lybie, l’Italie, débarque à Toulon, plusieurs citations.. (JHK p.344).
- 16 septembre 1944 : Par Gaston Raphaël, apprenons le passage de Lulu et Robert Villard et Paul Job, les trois beaux-frères engagés aux Chasseurs à pied … (JHK p. 347).
- 7 octobre 1944 : Jean Simon est arrivé à Paris, Capitaine de parachutistes ! Absent depuis plus de onze ans ! (JHK p. 355).
- 25 octobre 1944 : Apprenons que Madeleine, repliée à Toulouse fut très active dans la Résistance ! Elle est décorée de la Croix de Guerre avec citation. (JHK p.360). [18]
- 9 décembre 1944 : Des troupes prélevées sur le front d’Alsace sont ici (à Lyon) depuis le 8. Pierre Z en fait partie (JHK p.375).
[1] L’Indochine française regroupait le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine (aujourd’hui le Vietnam), le Laos, et le Cambodge
[2] Le 5 septembre 1942, le Cardinal Gerlier publie, en tant que « primat des Gaules », une lettre qui est lue dans toutes les paroisses de son diocèse et la plupart des celles de France. Tout en continuant de défendre le respect de l’ordre, le discours marque cependant une évolution importante en plaçant le devoir de conscience au-dessus de la loi humaine : « La Providence a donné à la France un Chef autour duquel nous sommes fiers de nous grouper » mais « les droits de l’État ont des limites… ». Il organise des filières de sauvetage pour les Juifs en danger, et aide ceux qui œuvrent en ce sens, somme l’Abbé Glasbeg et l’OSE pour ouvrir des centres de refuge et des colonies de vacances en zone libre. Il recevra à titre posthume le titre de « Juste parmi les Nations » (Yad Vashem 15 juillet 1980)
[3] Berliet, entreprise familiale fondée par Marius Berliet construisit d’abord des véhicules de tourisme de luxe avant de produire des camions et des autocars. Sous l’Occupation les constructeurs français ont livré 100.000 camions à la Wehrmacht dont 2.500 Berliet. A la Libération, Marius Berliet et ses deux fils sont frappés d’indignité nationale, l’entreprise est nationalisée puis rendue à la famille en 1949.
[4] Les malades mentaux ont été assassinés en Allemagne comme les Juifs et les Tziganes. Dans la France de Vichy, les médecins psychiatres parlent de 40.000 personnes mortes de faim, dénonçant un « génocide hypocrite et occulté ».
[5] Effectivement ce sont les Américains qui ont rétabli le décret Crémieux, les dirigeants français d’Alger, successivement l’Amiral Darlan, le Général Giraud et le Général De Gaulle se sont montrés peu enclins à le faire (voir « Indignes d’être Français » d’Alix Landau-Brijatoff page 267)
[6] C’est une loi de Vichy du 7 octobre 1940 qui abolit le « décret Crémieux » (décret 136 du 24 octobre 1870) ayant pour conséquence de retirer la nationalité française aux 110.000 Juifs d’Algérie.
[7] Stamboul est l’ancien nom de la partie historique d’Istanbul ; il n’était en principe plus utilisé depuis 1928.
[8] C’est semble-t-il ce qui lui parvient de la « rafle du Vel’d’Hiv » !
[9] En fait Georges Mandel avait été assassiné le 7 juillet et Jean Zay le 20 juin.
[10] La rumeur de savon humain aurait été lancée par des gardes nazis, elle est parvenue à Henri Klein qui n’a pas du savoir ce qu’il en était réellement.
[11] Fanny Klein, sa sœur, mariée avec Jules Simon.
[12] Robert Kahn, son neveu.
[13] Jean Simon, son neveu, a pu quitter l’Indochine, rejoindre Shanghai et de là les États-Unis d’où il arrivera en Angleterre et combattra en Afrique et en Europe dans les armées de la Libération.
[15] Le télégramme venait de la banlieue de Chicago où vivaient ses cousins Kuhn.
[16] Maurice Netter était le fils de Camille Netter, cousin germain d’Henri Klein. Il a été déporté de Drancy à Auschwitz par le convoi 59 du 2 septembre 1943.
[17] Camille Hirtz et Élise Kahn, sa femme, ont été déportés de Drancy à Auschwitz par le convoi 69 du 7 mars 1944.
[18] Madeleine Kahn, agent de liaison, sous le pseudonyme de "Catherine" prend de gros risques pour transmettre des informations entre les maquis du Gers, des Hautes Pyrénées et Toulouse. Recherchée par la police, elle échappe de peu à l'arrestation en mai 1944. Décorée de la Croix de guerre avec citation à Toulouse. Après la Libération elle s'investit dans un Centre d'accueil pour déportés à Paris. Une rue porte son nom à Toulouse depuis 2002.
Il cite souvent ses sources
Les journaux
- 27-28 juillet 1940 : « Le Figaro » dit qu’Épinal a cruellement souffert de la guerre (JHK p.91).
- 21 septembre 1941 : les journaux français et suisses confirment la prise de Kiev (JHK p. 173).
- 18 janvier 1942 : Il y a de quoi s’esclaffer, les journaux français prennent leurs lecteurs pour des idiots en voulant les persuader que lorsque les Allemands battent en retraite et que les Russes reprennent villes, villages, matériel et munitions, c’est quand même la Wehrmacht qui obtient de brillants succès…….. (JHK p. 188).
- 11 avril 1942 : En Russie il est impossible de connaître la situation réelle, les journaux ne donnant que de communiqués tendancieux en provenance de Berlin !!! (JHK p. 197).
- 14 avril 1942 : « Paris soir » d’hier 13 avril, laisse prévoir des journées décisives à Vichy ! Qu’est-ce ? (JHK p. 197).
- 14 novembre 1942 : « Le Progrès de Lyon » est interdit depuis le 13 pour avoir refusé de faire paraître une note concernant un document trouvé à l’Ambassade des USA considéré par lui comme un faux !! (JHK p. 234)
Les journaux suisses et étrangers
- 15 septembre 1940 : Londres a été transformé en enfer écrivent les correspondants des journaux américains (JHK p. 99).
- 29 décembre 1940 ! L’on annonce (Gazette de Lausanne) que les batteries de DCA de Gibraltar ont abattu un avion français venant du Maroc. Les cinq occupants périrent, d’après des bruits non encore confirmés deux membres du Gouvernement français seraient parmi les victimes…. (JHK p. 128).
- 7 janvier 1941 : les journaux suisses ont donné des extraits du discours prononcé par le Président Roosevelt devant le Congrès. (JHK p. 130).
- 22 janvier 1941 : À la suite de l’entrevue de Berchtesgaden,…. D’après le correspondant à Rome de « la Tribune de Genève ». (JHK p. 133).
- 10 juin 1941 : Les journaux suisses, généralement anglophiles, désapprouvent l’attitude de l’Angleterre…. (JHK p. 160).
- 15 octobre 1941 : la « Pravda » ne cache pas la gravité de la situation (JHK p. 175).
- 1-5 juin 1942 : la Radio suisse, les journaux suisses donnent des précisions au sujet de la bataille de Kharkov : Berlin avait annoncé une victoire écrasante, 290.000 prisonniers, la prise d’un nombreux butin ; il en serait tout autrement et les armées de l’Axe n’ont pu traverser le Donetz… (JHK p. 204).
- 2-3 août 1942 : Moscou, par les journaux suisses donne des nouvelles plus réjouissantes du front : les troupes soviétiques auraient cessé de céder du terrain…. (JHK p. 213).
- 21 août 1942 : D’après « le Journal de Genève », la progression des armées de l’Axe s’est sensiblement ralentie au Caucase… (JHK p. 217).
- 29 août 1942 : les Journaux suisses qui disaient la vérité[1] ont été interdits aujourd’hui (JHK p. 218).
- 13 octobre 1942 : Les Journaux suisses n’ont pas paru depuis plus de 10 jours!! La radio de ce pays hier soir parlait de cessation prochaine des hostilités Russo-Allemandes ! Est-ce possible ? (JHK p. 226).
- 16 octobre 1942 : La non-parution des journaux suisses serait due à leurs articles sur Stalingrad (JHK p. 227).
- 1-3 novembre 1942 : La presse suisse annonce que les Japonais ne posséderaient plus que deux porte-avions. (JHK p. 229).
- 6 novembre 1942 : « Le Journal de Genève » a fait sa réapparition hier ! Va-t-on être mieux renseigné ? (JHK p. 230).
- 5-8 février 1943 : « La Tribune de Genève » apprend de Casablanca que le Général Noguès et des officiers,…..viennent d’échapper à un attentat (JHK p.253).
- 8 octobre 1943 : Le journal « La Suisse » assure que le Roi d’Italie,…. (JHK p.293).
- 26 décembre 1943 : L’Agence « Reuter » assure que le Général Giraud démissionnerait et serait remplacé au commandement des Armées Françaises Dissidentes par le Général de Lattre de Tassigny. (JHK p. 304).
À propos des journaux suisses ("Journal de Genève", "Tribune de Genève", "Gazette de Lausanne"), qui semblent être parmi les principales sources d'informations d'Henri Klein, j'ai relevé les informations suivantes :
Dans la "synthèse des rapports des Préfets de la "zone libre" pour le mois d'août 1942" établie à Vichy le 18 septembre 1942 par le Cabinet du Secrétaire général pour l'Administration du Ministère de l'Intérieur, il est écrit au point III concernant "l'information":
- « la radio est toujours médiocrement écoutée et subit les effets de la propagande étrangère, notamment de la Radio anglaise »
- « la Presse suisse jouit toujours d'un même succès, car elle représente, aux yeux des lecteurs, celle qui subit le moins les rigueurs de la censure. » [2]
Alain Clavien, professeur à l'Université de Fribourg mentionne dans « Grandeurs et misères de la presse politique » [3] étude consacrée à « la Gazette de Lausanne » et au « Journal de Genève » que les tirages de ces deux titres ont fortement augmenté à l'occasion de la guerre, passant de 13.300 exemplaires quotidiens en 1939 à 61.300 en avril 1942 pour « Le Journal de Genève » et de 12.900 à 36.300 pour « la Gazette de Lausanne », cette augmentation du tirage, et des ventes étant principalement dues aux ventes en France. Toutefois, la censure, et l'autocensure des éditions destinées à la vente en France ont abouties à l'arrêt de la diffusion en France à partir de 1943 à la demande du gouvernement suisse qui refusait que la presse helvétique fasse trop de concessions à Vichy.
Les radios
- Dès le 19 juin 1940, il est à Lyon et il a passé une première nuit chez M. Olmann, rue de la Martinière, il mentionne des informations diffusée par la radio suisse (JHK page 81).
- 5 août 1940 : d’après la radio anglaise, le Général De Gaulle et M. Winston Churchill ont conclu des accords (JHK p. 92).
- 9-11 août 1940 : le Général De Gaulle prononce une longue allocution radiodiffusée par les postes anglais (JHK p. 92).
- Même date : la radio allemande annonce des pertes énormes causées par son aviation à la Marine britannique et à l’aviation (JHK p. 93).
- 10 février 1941 : Au micro de la BBC M. Winston Churchill, rend compte des événements des cinq derniers mois !! (JHK p. 137).
- 21 mars 1942 : la radio suisse parle d’une défaite allemande sur plusieurs points (JHK p. 195).
- 18 avril 1942 : Pour la 1ere fois depuis le début de la guerre en extrême orient, Tokyo, Yokohama, Kobé, sont bombardées par avion, d’après la radio suisse les dégâts furent sérieux. (JHK p. 198).
- 26-30 avril 1942 : La radio américaine annonce l’évasion d’Allemagne du Général Giraud ! Le Gouvernement Allemand offrirait 100.000 marks à qui le ferait reprendre ! Est-ce vrai ? (JHK p. 200).
- 6 mai 1942 : Les radios de Londres et de Suisse annoncent une avance des Russes ! Berlin prétend le contraire ! (JHK p. 201).
- 17 mai 1942 : la radio suisse dit que ce n’est pas réel (la prise de Kertch annoncée par les Roumains) (JHK p.202).
- 26-27 juillet 1942 : la radio de Moscou est très pessimiste. (JHK p. 212).
- 27 août 1942 : Les radios anglaise et suisse annoncent en dernière heure un sérieux succès Soviétique…. (JHK p.218).
- 3-5 octobre 1942 : La radio de Moscou annonce que le Général Chapochnikov vient d’être nommé Commissaire Général de la Défense….. (JHK p.224).
- 1-3 novembre 1942 : La radio anglaise de 12 h dit qu’en Alsace viennent de se produire des manifestations à propos de la mobilisation des jeunes Alsaciens. (JHK p.229).
- 21-22 novembre 1942 : Les radios de Berlin et Genève ont confirmé l’arrestation de M. le Général Weygand par les Allemands… (JHK p.235).
- 23 novembre 1942 : les radios de Londres et Genève annoncent que les troupes de l’Axe ont subi une grave défaite à Kalatch dans la boucle du Don. (JHK p.237).
- 24 novembre 1942 : la radio suisse annonce que l’Afrique Occidentale serait passée à son tour à la dissidence… (JHK p. 237).
- 25 novembre 1942 : la Radio suisse annonce que les Russes ont encore avancé (JHK p. 237).
- 4-6 décembre 1942 : La radio suisse annonce l’arrestation du Général Frère !! (JHK p.240).
- 16-17 décembre 1942 : La radio anglaise annonce que M. Albert Lebrun a pu s’échapper en avion….. Le Gouvernement de Vichy dément le départ de M. Lebrun ! Nouvelle confirmée par la radio américaine ! (JHK p.243)
- 3 mars 1943 : La radio anglaise dit que des attentats auraient eu lieu à Brest, Paris, Lille, contre les troupes d’occupation. À Lille il y aurait eu 23 tués (tous officiers) (JHK p. 259).
- 13 mars 1943 : En Haute Savoie, d’après les radios de Suisse et de Russie, quelques milliers d’hommes armés seraient dans les montagnes : ils seraient armés, sous les ordres de deux généraux et officiers ! Les hommes appelés pour le Service Obligatoire d’Annemasse au nombre de 400 sur 415 se sont joints à eux ainsi que 1.500 Italiens. (JHK p. 259).
- 24 mars 1943 : La radio suisse confirme l’arrestation pour intelligence avec des agents de l’ennemi, par les Allemands, du Colonel de La Rocque… (JHK p. 261).
- 7 mai 1943 : Dans la soirée les radios anglaises américaines suisse annoncent l’entrée des troupes anglo-américaines et françaises à Tunis et Bizerte La victoire est énorme. (JHK p. 267).
- 23 mai 1943 : la radio soviétique annonce de Moscou que le Komintern ou « Internationale Communiste » est dissoute depuis le 15 mai. (JHK p. 269).
- 13 février 1944 : La presse et la radio suisses sont prises à partie par l’ineffable Philippe Henriot tous ces jours à propos de la situation militaire en Haute-Savoie ! Ce qu’ils doivent s’en soucier peu !!! (JHK p.311).
- 3 mars 1944 : Pendant le cours de sa causerie du vendredi M. Pierre Payot de « la Tribune de Genève » dit que les Allemands n’envoient plus de troupes fraiches en Russie, qu’ils envoient par contre de nombreux renforts en Italie ! Il dit que les Finlandais devraient accepter les conditions de Moscou !!! (JHK p. 313).
- 9 juillet 1944 : la radio suisse annonce la prise de Caen…. (JHK p.328).
- 13 juillet 1944 : la radio suisse annonce la mort d’Édouard Herriot[4] en captivité en France occupée (JHK p. 328).
- 14 juillet 1944 : la radio suisse annonce l’assassinat de l’ex-Ministre Georges Mandel en captivité en France![5] La radio allemande dément la mort du Président Herriot. (JHK p.328).
- 11 août 1944 : En dernière heure les radios anglaise et suisse assurent que des colonnes de blindés sont arrivées à Chartres et à Châteaudun ! Ils seraient à 75 km de Paris ! (JHK p.335).
La correspondance et les contacts avec la famille et les proches
- 22 août 1940 : recevons une carte de Barcelone[6] et une lettre d’Ernest et de Mme Lévy : ils nous apprennent que notre appartement est occupé par les Allemands (JHK p. 94).
- 3 octobre 1940 : La correspondance est maintenant acheminée de la zone occupée à la zone non occupée ; les autorités allemandes viennent d’admettre l’envoi de cartes postales dites « cartes familiales ». Recevons une de ces premières cartes de Paris le 27/9 « Fanny, Jules et les enfants sont en excellente santé. » (JHK p.103).
- 10 décembre 1940 : Avons reçu hier la première carte de Robert, prisonnier en Allemagne. Il ne se plaint pas. D’après l’indicatif donné par « le Figaro » aujourd’hui il doit être au Camp de Keisersteinbruck près de Vienne (Autriche). (JHK p. 123).
- 29 janvier 1941 : ce matin à 9h, Émile et Jules Villard viennent nous surprendre dans notre chambre !!! (JHK p.134).
- 9 février 1941 : Avons ce matin des nouvelles de Dijon par Ernest Lévy qui nous dit que notre appartement serait en état, même le linge !!! (JHK p. 137).
- 26 mars 1941 : Par une lettre de Marie, apprenons de nouveaux décès dans la famille : Irma à Reims, Alfred Simon à Bruyères (JHK p. 148).[7]
- 21 juin 1941 : M. Perrin qui habite notre ancienne maison à Dijon cause un moment avec Suzanne et Jacqueline (JHK p. 162).
- 23 juin 1941 : par Marseille apprenons que Jean Simon en Annam est démobilisé et rayé des Services administratifs. Tout l’honneur est pour lui (JHK p. 163).
- 30 juin 1941 : recevons de Shanghai via Amérique, par avion, censurée par les Anglais à Hong Kong, une lettre de Jean Simon pour faire parvenir à ses parents, il annonce son intention de vouloir se fixer à New-York d’ici quelques jours !!! Lettre du 1er juin ! (JHK p. 164).
- 1-5 août 1941 : Avons le plaisir de recevoir la visite de Marguerite, Alice et André. Marguerite vient se fixer à Lyon (JHK p. 168).[8]
- 14 septembre 1941 : à l’Hôpital visite de Madeleine et Louis Liebschutz (JHK p. 173)
- 16 septembre 1941 : Antoinette et Robert viennent me voir à l’Hôpital (JHK p. 173).[9]
- 6 octobre 1941 : Ai la visite de Juliette et Émile (JHK p. 174).[10]
- 29-30 novembre 1941 : Jean Simon nous donne de ses nouvelles de Chicago !! (JHK p.180).
- 13 janvier 1942 : dimanche 11 notre neveu Pierrot Weill se casse la jambe à la hauteur du tibia et du péroné ; est transporté à Grange-Blanche où il est opéré dans l’après-midi !! (JHK p.187).
- 13 janvier 1942 : Avons la visite d’Edgard Lehmann et de sa femme. Cette dernière nous donne quelques nouvelles de Dijon…. (JHK p. 187).
- 18 janvier 1942 : Recevons la visite du jeune Jean Laloy, fils de Paulette, fille d’Henriette, sœur d’Élise. (JHK p. 188).
- 9 mars 1942 : rencontre Fernand Ginsburger et sa femme qui ont pu quitter Dijon cachés dans un wagon de marchandises. Ils me disent que le jeune Biggio sur les démarches actives de Mgr l’Évêque et du clergé et d’autres personnalités influentes de la ville, a été libéré après 8 jours de détention. (JHK p. 194).
- 3 au 21 juin 1943 : Suis parti pour Le Châtelet en Berry, chez Simone et George. (JHK p.271).
- 4 décembre 1943 : Départ de Lyon pour Le Châtelet en Berry ; rencontre à Montluçon Georges et son père ! (JHK p.303).
- 15 décembre 1943 : Départ du Châtelet ; 10h d’arrêt à Montluçon ; 24h pour parcourir 300 kilomètres !! (JHK p.304).
- 17 juillet 1944 : Quittons Les Avenières où nous passâmes Jacqueline et moi plusieurs belles journées. (JHK p.329).
- 11 août 1944 : Sommes à nouveau depuis hier aux Avenières par un temps idéal (JHK p.334).
- 17 août 1944 : Sommes toujours aux Avenières ; Jacqueline à Lyon du matin au soir apprend par la concierge que deux Messieurs seraient venus me demander ! Est-ce la Gestapo ? En conséquence restons là (JHK p.338).
- 30 octobre 1944 : Reçois de Dijon une carte d’Henri Hayman me disant que notre appartement de la rue Jacques Cellerier est vide à l’exception de la glace de la chambre à coucher. (JHK p.361).
[1] En pleine bataille de Stalingrad.
[3] Editions « Antipodes » Lausanne, 2010. ISBN : 978-2-940146-99-4
[4] C’était faux, Édouard Herriot est mort en 1957
[5] Assassiné par La Milice le 7 juillet 1944 dans la forêt de Fontainebleau.
[6] À Barcelone vivaient les Hayem rejoints par Nathan Kahn et Marie Klein, la sœur d’Henri Klein
[7] Irma Bernard, veuve de son cousin Henry Netter, Alfred Simon est un petit cousin.
[8] Il doit s’agir de Marguerite Nordon, Alice Nordon et son mari André Kahn ; Marguerite et Alice son des filles d’Abraham Nordon et de Sophie Villard.
[9] Antoinette et Robert Kahn, son neveu.
[10] Juliette Villard et Émile Hirtz, ses cousins.
Paul Garcin, très proche des FTP de Lyon, a publié dès la fin 1944 cet ouvrage qui relate de manière chronologique les actions de résistances menées dans l'agglomération et la répression dont ont été victime les résistants.
Il évoque peu ce qui concerne plus spécifiquement les Juifs.
J'ai pu vérifier que les grèves et les actions conduites par des ouvriers qui sont mentionnées par Henri Klein dans son journal sont signalées aux mêmes dates par Paul Garcin...
Cela ne m'apprend pas comment Henri Klein avait obtenu ces informations.
Il y en eu sans doute beaucoup ; quelques-uns ont été l'objet de publications récentes :
Dreyfus, Lucien : Jean-Marc Dreyfus : le journal de Lucien Dreyfus, français, alsacien, juif, déporté... (22 janvier 1925 - 24 septembre 1943) Strasbourg-Nice-Auschwitz ; SHIAL 2010-2011.
Grunberg, Albert : Journal d'un coiffeur juif à Paris sous l'Occupation ; les éditions de l'Atelier.
Sée Edgard : le carnet noir ; un notable "israélite" à Paris sous l'Occupation (1er novembre 1942 - 12 octobre 1943) présenté par Michèle Feldman ; L'Harmattan.