Dans Anvers la juive

Photo Annie Bentolila
Photo Annie Bentolila

Dernier véritable shtetl d’Europe occidentale, cette ville se caractérise par l’orthodoxie et l’industrie diamantaire. Environ 80 % des juifs anversois vivaient, il y a 20 ans encore, de l’industrie du diamant, à une époque où plus de la moitié de la production mondiale transitait par les quelques rues à proximité de la gare centrale.

Surnommée la « Jérusalem du Nord » pour ses synagogues et yeshivoth ashkénazes, Anvers a pourtant été d’abord une communauté sépharade, fondée en 1526 par des juifs marranes issus du Portugal. Le sort des juifs évolua selon les empires entre tolérance, expulsion, droits civiques accordés… Le rattachement de la Flandre à la Hollande avant l’indépendance de la Belgique en 1830, ainsi que le développement des ports, favorisa un rapprochement avec la communauté ashkénaze d’Amsterdam.

De 151 juifs en 1829, Anvers en compta 35.000 un siècle plus tard. Cela, principalement suite à la venue de juifs d’Europe de l’Est. Ils prirent une grande part au développement local de l’industrie du diamant.

 

Synagogue sépharade
Synagogue sépharade
Stolpersteine à la mémoire de Max et Herman Tetelbaum arrêtés à Izieu et assassinés à Auschwitz
Stolpersteine à la mémoire de Max et Herman Tetelbaum arrêtés à Izieu et assassinés à Auschwitz

Plaque et monument à la mémoire des victimes de la Shoah

 

Les âges d’or, puisqu’on peut dire que deux générations en bénéficièrent, dans les années 50 puis 70, témoignèrent d’un formidable développement de la vie juive à Anvers. Anvers comptait d’ailleurs pendant ces décennies le plus grand nombre d’enfants en école juive au monde, en dehors d’Israël bien entendu. Des écoles qui n’étaient pas que des yeshivot. Au contraire, à l’image de la Tachkemoni, il s’agissait principalement d’écoles sous contrat avec l’Etat. En plus du curriculum classique, les études juives y étaient très poussées. La Tachkemoni accueillit jusqu’à 1000 élèves. Depuis quelques années, Jan Maes, un de ses anciens directeurs, effectue un travail remarquable pour retrouver les noms de victimes de la Shoah et les inscrire dans l’histoire collective belge. Un monument a d’ailleurs été érigé en souvenir des victimes de la Shoah.

 

Photo Annie Bentolila
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En dehors des grandes fêtes et du secteur diamantaire, les juifs d’Anvers ont longtemps vécu en deux groupes : d’un côté les communautés orthodoxes et de l’autre, le reste des juifs qui se fréquentaient, allant des athées jusqu’aux disciples du Rav Kook. Ainsi, les jeunes qui fréquentaient les mouvements de jeunesse Hachomer Hatzaïr, Hanoar Hatzioni et Bné Akiva, se retrouvaient aussi aux clubs de sport Maccabi.

Depuis 20 ans, l’évolution du secteur diamantaire, avec la disparition des tailleries et le déplacement du centre de gravité du marché, motiva un choix plus varié professionnellement pour la plupart des juifs anversois.

Si le centre Romi Goldmunz n’est plus en activité et d’autres lieux comme la librairie de Monsieur Kahane qu’un lointain souvenir, la communauté juive est encore assez présente de par ses écoles et mouvements de jeunesse.

 

Photo Annie Bentolila
Photo Annie Bentolila

Il y a six synagogues de rite ashkénaze à Anvers. La plus grande est la Romi Goldmunz.

La synagogue Shomrei haDas (« des Gardiens de la Loi»), avec plus de 6000 membres, et l’Israelitische Gemeente Van Antwerpen, fondée en 1904, représentent la communauté de la ville.

 

Viennent ensuite les communautés plus orthodoxes, regroupées dans l’organisation Mahzikai. On y trouve tous les courants du mouvement hassidique, dont les Satmaer, les Gourer, les Sanzer, etc. En Europe, seule Londres présente encore une telle diversité.

 

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